Avant d'être acheminées vers les centres supérieurs, les voies de la
nociception, comme toutes les afférences sensorielles, traversent le
thalamus. Les neurones nociceptifs occupent donc une position minoritaire
au sein de cette structure cérébrale. Parmi les nombreux neurones
constituant le complexe ventro-basal, certains possèdent, soit les
caractéristiques des neurones nociceptifs spécifiques, soit celles des
nociceptifs non-spécifiques. Les influx y accédant proviennent des
premières lames via le faisceau spino-thalamique (néospino-thalamique)
avant d'être projetés directement au niveau du cortex somatosensoriel.
La composante sensori-discriminative de la douleur, c'est-à-dire les
informations concernant la localisation et l'identification du stimulus
douloureux (nature et intensité), est attribuée à ces projections
somatosensorielles. Une importante constance interindividuelle caractérise
cette composante sensori-discriminative (100). Les neurones du groupe
nucléaire postérieur ont été moins bien étudiés. Il semble cependant assez
évident que cette région, comme la partie ventro-basale, serve de relais
pour la nociception (100). Plus de la moitié des neurones de la région du
thalamus médian sont nociceptifs. Leur champ de réception s'étend souvent
à la presque totalité de l'organisme. Dans cette zone, les influx
proviennent des lames plus profondes via le faisceau spino-thalamique et
la voie paramédiane (faisceau spino-réticulo-thalamique et collatérales des
lames profondes du faisceau spino-thalamique). Les fibres de cette région
projettent dans de nombreuses sphères du cortex ipsilatéral, notamment dans
le lobe frontal et le système limbique. Ces deux dernières cibles sont
d'ailleurs tenues responsables de la composante motivo-affective de
la douleur. Une composante associée à une sensation désagréable et au désir
d'échapper à ces souffrances. Aucunement associée à la localisation et à la
nature du stimulus, cette composante demeure toutefois intimement reliée à
son intensité. Les modulations interindividuelles sont importantes face à
cette composante. Elles se manifestent dans les variations du seuil
interindividuel de tolérance aux stimuli nociceptifs et dans la quantité et
la qualité des plaintes qui en découlent (100).
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