Après les lames médullaires, le message nociceptif emprunte des voies
ascendantes jusqu'au thalamus. En général, les neurones nociceptifs de la
corne dorsale empruntent une voie controlatérale vers le quadrant
antérolatéral de la moelle
(figure 2.6).
La cordotomie antérolatérale
démontre cependant que toutes les fibres n'obéissent pas uniformément à
cette règle. En effet cette chirurgie n'entraîne pas d'analgésie.
Elle provoque plutôt une hypoalgésie, une diminution de la douleur,
en réponse à un stimulus normalement douloureux. De plus, en quelques mois,
l'individu recouvre partiellement de la sensibilité (100). Devant le
résultat partiel de la cordotomie, une conclusion s'impose : le message
nociceptif ne rejoint pas les centres supérieurs par cette unique voie.
D'autre part, la régénération est impossible au niveau du SNC. Le
recouvrement partiel de la sensibilité suppose donc la contribution de
plus d'une voie. Trois cheminements s'offrent alors au message nociceptif :
faisceau spino-thalamique, noyaux des colonnes dorsales et faisceau
spino-réticulo-thalamique.
Situé dans le quadrant antérolatéral de la moelle, le faisceau
spino-thalamique joue le rôle le plus important dans les phénomènes reliés
à la nociception (figure 2.6). Composé en grande partie de fibres
controlatérales, il renferme cependant un certain nombre de fibres
ipsilatérales surtout localisées au niveau sacré et au niveau du deuxième
segment cervical (27). À l'approche du thalamus, ses axones se divisent en
deux groupes (figure 2.5). Le groupe médial projette principalement vers
les noyaux dorso-médians et centro-médians (DM, CM). Le groupe latéral se
termine dans la partie latérale des noyaux ventro-basaux et dans le groupe
nucléaire postérieur (PO). On appelle aussi voie paléospinothalamique la
projection vers le noyau médian, alors que la voie néospino-thalamique
correspond à la projection dans le complexe ventro-basal (100). Les deux
tiers des cellules se projetant dans le complexe ventro-basal sont
constitués des fibres controlatérales originant des lames I et V. Leur
champ de réception se limite à un côté du corps. Elles présentent
généralement les caractéristiques des nocicepteurs spécifiques ou
non-spécifiques. Le complexe intralaminaire reçoit les projections des
fibres originant des lames VI, VII et VIII. Ces fibres présentent des
champs complexes dont l'information provient de nocicepteurs répartis sur
la totalité du corps. Plusieurs d'entre elles émettent des collatérales en
direction de la formation réticulée avant d'atteindre le thalamus. Ces
collatérales forment, avec les fibres du faisceau spino-réticulo-thalamique,
la voie paramédiane. Environ 10 % des fibres du faisceau spino-thalamique
projettent à la fois dans le noyau ventro-basal et dans le noyau
médian-latéral (100).
Figure 2.5 Thalamus
Le thalamus comprend les noyaux latéraux
(portion grisâtre) et les noyaux médians (portion hachurée).
Légende P: pulvinar; CM: centro-médian; VPM: ventro-postéro-médian;
DM: dorso-médian; LP: latéral-postérieur; VPL: ventro-postéro-latéral;
LD: latéral-dorsal; VL: ventro-latéral; A: antérieur; PO: complexe nucléaire
postérieur; CGM: complexe géniculé latéral; CGL: complexe géniculé
médian.
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Les cellules des noyaux des colonnes dorsales, connues également sous
l'appellation de faisceaux graciles et cunéiformes, ne répondent pas
différemment à des stimuli nociceptifs et non-nociceptifs. Elles projettent
leurs afférences dans le complexe ventro-basal (portion hachurée à la
figure 2.5). Elles recueillent des stimulations mécaniques légères et les
mouvements articulaires. Ne contribuant pas directement à la transmission
de la douleur, elles pourraient néanmoins, à ce niveau, jouer un rôle
inhibiteur (100). En ce qui concerne plus spécifiquement les voies de la
douleur, les axones du faisceau spino-thalamique projettent principalement
vers les noyaux thalamiques latéraux (figure 2.5, portion grisâtre). Tandis
que les axones du faisceau spino-réticulo-thalamique cheminent
d'abord dans la formation réticulée au niveau du tronc cérébral avant
d'établir leur connexion avec les noyaux médians (figure 2.5, portion
hachurée). Ils véhiculent de l'information concernant souvent les deux
côtés du corps en provenant des lames V à VIII (100).
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