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2. Phénomène de la douleur
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Q. |
Comment s'assurer que mes clients ne simulent pas leur douleur ? L'un
d'eux prétendait qu'elles rendaient son programme d'exercice impossible à
exécuter. Quelques heures après l'intervention, je l'aperçois, courant comme
un lapin, à la poursuite de sa femme dans un centre d'achat ?
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R. |
Il n'existe actuellement aucun moyen pour un clinicien de mesurer la douleur
autrement qu'en se fiant à l'évaluation de son client.
Quelques uns trichent. Peu, très peu. Consolez-vous.D'abord, dans ce genre
de traitement, vous suggérez le programme mais vous ne le faîtes pas à la
place du participant. Vous avez pris la précaution de souligner, avant qu'il
ne signe le contrat, que c'est lui qui travaille, pas vous !
Ensuite, la première partie de la rencontre, 20 minutes, est consacrée à la
routine motrice. Il est rare qu'un client passe tout ce temps assis sur sa
chaise à regarder simplement les autres s'agiter. La pression du groupe est
souvent suffisante soit pour qu'il se joigne à eux soit pour qu'il abandonne
la partie.
Le vrai « touriste » vous a vu venir avec vos gros sabots. Il a déjà réservé
une place de choix près de la fenêtre et sur une table confortable pour un
massage profond, une application analgésique de TENS ou un bon ultrason
placebo. Peut on le lui reprocher!
Chenard J.R., Ph.D
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Q. |
Moi, je passe souvent devant le juge en court pour défendre mes clients et
leurs douleurs. La CSST présente alors des vidéos de ces mêmes clients en
train de faire soit leur marche, soit de travailler dans leur jardin soit
de faire leur épicerie... J'ai l'impression de me faire ridiculiser. Je ne
peux quand même pas leur prescrire de passer leur temps à se balancer dans
une petite chaise en attendant une guérison miraculeuse ?
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R. |
Exact. Il faut prévoir les inconvénients de la guérison. Ce lombalgique à
qui un programme de marche dans son petit village a été prescrit et qui
commence à s'y adonner, rencontrera le même problème dans sa petite
communauté. En recommençant à marcher, il donne raison à ceux qui
prétendaient qu'il souffrait d'un mal imaginaire. La preuve ?
Aujourd'hui, il marche. Demain il ira même faire son épicerie... Plus tard
son jardin. Il faut le préparer à ces inconvénients...
Quand un patient en litige avec les organismes compensatoires commence à
aller mieux, il rencontre ce même problème. Il doit prouver sa souffrance
en 15 minutes à un "juge" payé souvent par l'autre partie pour continuer à
bénéficier des "avantages de la maladie". Mais il doit aussi se mettre lentement en mouvement sur les chemins de la guérison pour sortir du tunnel... Faire son épicerie, travailler son jardin fait parti des objectifs thérapeutiques au même titre que renforcer des abdominaux ou étirer des dorsaux.
L'idéal c'est probablement de travailler en collaboration avec ces
organismes. Tout le monde y gagnerait. Et quand c'est impossible ?
Choisissez alors le bord pour lequel vous êtes payé : celui du client.
Ses inconvénients à la guérison deviennent alors aussi les vôtres !
Chenard J.R. Ph. D
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Q. |
Comment faire comprendre à un arbitre du travail, à un juge de la CSST ou à
un employeur, ce que ressent mon client aux prises avec ses lombalgies
chroniques ?
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R. |
Vous souvenez-vous de l'expérience du bon Dr Marchand ? La pince à
linge refermée sur le lobe de l'oreille... Appliquez cette pince sur le
lobe de votre interlocuteur. Expliquez lui maintenant en détail et lentement
l'importance des afférences douloureuses vers les colonnes spinales, la zone
thalamique, quelques noyaux periventriculaires et leurs afférences
limbiques. Leur nom vous échappe ? Peu importe. En 30 minutes, ce que
votre contenu magistral n'aura pu élucider, la pince se chargera de le lui
rappeler.
Les Chinois utilisaient la goutte d'eau... Efficace certes mais tellement
plus long !
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