Le contenu des routines motrices prescrites au lombalgique dépend des
habiletés thérapeutiques de l'intervenant, de ses croyances et de sa
créativité. Favorables à une approche biomécanique " logique " découlant
d'un bilan musculaire linéaire et rigoureux de type Kendall, les
traditionalistes proposeront à leurs clients des prescriptions centrées
sur quelques muscles bien ciblés (171). Une routine qui visera à corriger
la faiblesse des abdominaux, à pallier aux contractures du piriforme ou
de l'ilio-psoas. C'est déjà mieux que pas de mouvement du tout. Devant
quelques chaînes postérieures trop raccourcies à leurs yeux, les
Méziéristes pourront utiliser leurs postures originales en élongation.
Ceux qui connaissent les classifications proposées par McKenzie
récupéreront facilement ses positions de délestage ou de rééducation
posturale (254). Yoga indien ou techniques de Xi Gong issues des vieilles
traditions chinoises s'alimentent aussi aux sources d'un riche alphabet
corporel. À l'intervenant créatif de s'en inspirer pour prescrire des
mouvements inédits et toujours radicalement opposés aux solutions
tentées par le client. Devant la relative simplicité du 180-degrés, il
appert que le vrai défi clinique pour l'intervenant réside avant tout
dans l'influence interpersonnelle qu'il doit exercer. En premier lieu,
en " convaincant " ses clients de se conformer aux prescriptions. Et plus
difficile encore, en s'assurant que le lombalgique poursuit cette
pratique au-delà de l'amélioration inévitable constatée après les
premières semaines. Restera ensuite à valider l'intervention. Après dix
rencontres, la pragmatique interactionnelle veut que, si la prescription
n'a pas fait cheminer le lombalgique vers la guérison, elle soit
abandonnée. Ce postulat évite que la solution inefficace d'hier ne
devienne le problème de demain. Les routines motrices prescrites à
l'École interactionnelle tiennent compte des cartes de la douleur retenues sur le présentoir
du client lors de la rencontre précédente.
Routines motrices et contraintes biomécaniques
Pour les « cartes musculaires », il n'existe normalement pas de contraintes
spécifiques dans la prescription
Pour les « cartes facettaires », il faut éviter dans la
prescription de la routine motrice de mettre en charge les facettes
articulaires postérieures lors des exercices en extension arrière.
Pour les « cartes discales », il faut éviter dans la
prescription de la routine motrice de mettre en charge les disques lors des exercices en flexion antérieure.
Pour les « cartes instabilité intervertébrale », il faut
surtout favoriser le verrouillage rigoureux du bassin en position neutre.
Pour les « cartes racines nerveuses », il faut éviter toutes
tractions importantes sur la racine nerveuse. Par contre la
mobilisation lente et prudente de la racine permet parfois des
résultats intéressants. Prudence ici!
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