Face à ce labyrinthe biomécanique, le clinicien confronté quotidiennement aux maux de dos peut, soit s'enfermer dans le confort rassurant d'un dogme, soit accepter de changer de perspective. À la différence des tableaux cliniques largement acceptés, les tableaux fonctionnels se confondent souvent avec l'existence même des écoles de pensée (tableaux 3.7 et 3.8). Comme dans les grandes religions, la réconciliation demeure impossible. Pourtant le message initial est partout identique. Médecins, physiothérapeutes, kinésithérapeutes, ostéopathes et chiropraticiens véhiculent la même information. Pour lutter contre le syndrome de déconditionnement moteur dont souffrent la plupart des lombalgiques chroniques, le mouvement reste indispensable. En effet, les études récentes isocinétiques des -muscles du troncs chez les lombalgiques comparés au sujets sains démontrent une diminution relative de la force des fléchisseurs de l'ordre de 20 %. La réduction de celle des extenseurs approche 45 % (173,249).
Le nouveau modèle proposé doit fournir au praticien un rationnel à ses interventions tout en y intégrant, dans la mesure du possible, les connaissances acquises. L'École interactionnelle du dos offre cette alternative. Au point de départ, le praticien prescrit au lombalgique des mouvements selon un dosage individuel. Le dosage, c'est-à-dire le temps à consacrer à ces mouvements, se négocie en groupe dès la première rencontre (chapitre 5). Il dépend essentiellement des attentes du client, pondérées par sa performance initiale. Il tient également compte de la marge de manoeuvre laissée au clinicien (tableau 1.5). Par ailleurs, nos prescriptions d'exercices reposent sur le fait qu'il n'existe pas de catégories de mouvements supérieures à d'autres ou une cible motrice plus pertinente qu'une autre. À preuve : invité à utiliser, soit les exercices de flexion, soit les exercices d'extension deux ou trois fois par semaine durant des périodes de 30 minutes durant deux semaines, chaque groupe de lombalgiques enregistre une diminution importante de sa douleur, quelle que soit la prescription proposée (91). Un consensus dans la littérature confirme les bienfaits des programmes d'exercices non spécifiques et généraux pour lutter contre le syndrome de déconditionnement moteur et pour diminuer l'intensité de la douleur chronique lombaire (212,320,383).
|