Les interactions du praticien en classe s'inscrivent dans la logique du
modèle théorique développé au premier chapitre. Ces quelques conseils qui
suivent visent pour leur part à baliser sur le plan pratique la piste à
suivre. Un des axiomes de base des théories de la communication fournit la
première indication : il est impossible de ne pas communiquer. Par
conséquent, qu'il le veuille ou non, tous les gestes et paroles du praticien
ont valeur de messages. Des messages qui portent : une demi-minute à
peine suffit pour évaluer avec précision un intervenant ! L'évaluation
globale d'un professeur par des étudiants qui l'ont vu pendant tout un
semestre correspond intégralement à la même évaluation mais basée
exclusivement sur n'importe quel vidéoclip silencieux de 30 s de ce
professeur en classe (4). Cette similitude dans le
jugement ne repose pas sur des comportements non verbaux spécifiques. Elle
provient plutôt des impressions globales que suscite, au plan affectif, le
comportement non verbal de l'intervenant. En d'autres mots, le « bon »
praticien s'avère simplement plus précis dans l'encodage non verbal de ses
affects et utilise une communication affirmative dans ses rapports avec les
patients (31 131,
408). Il parle avec une voix légèrement plus élevée
qu'une conversation habituelle, pose des gestes ouverts et détendus,
maintient avec chacun des participants un contact visuel modérément élevé et
affiche plus de sourires joyeux. Comme l'indique le
tableau 4.11, ce style se distingue aisément de
la communication agressive et non affirmative, notamment au plan de la voix,
du regard et des gestes qu'il faut à tout prix éviter.
Dans une École du dos, rien de plus ennuyeux qu'une voix monocorde sur le
mode récitatif. À l'autre extrême, une présentation donnée d'une voix
tonitruante n'en est pas moins aussi monotone et déplaisante. Il importe donc
de varier à la fois le volume, l'intonation et le débit. Ajustez le volume de
votre voix en demandant aux lombalgiques s'ils entendent bien. Faites
attention aux intonations. En modulant votre voix, vous donnerez une allure
dynamique aux exposés. Ajustez votre débit, le nombre de mots prononcés à la
minute. Il varie normalement selon les inflexions. Deux extrêmes à éviter :
un débit très lent, ennuyeux, et un débit trop rapide, essoufflant et s
tressant. Au plan du regard, nous n'insisterons jamais assez sur la nécessité
d'établir le maximum de contacts visuels avec le groupe et de réduire au
strict minimum la manipulation des notes et du matériel pédagogique. Dans
votre champ visuel, évitez de couvrir l'ensemble du groupe, établissez
plutôt le contact avec un seul client à la fois. Par de fréquents contacts
visuels mutuels, vous facilitez l'attention des lombalgiques et saisissez
immédiatement leur compréhension du contenu à partir de leurs expressions
faciales. Choisissez un participant, regardez-le pendant quelques instants
(10 à 30 secondes). Passer ensuite à un autre visage mais, pour éviter que
l'opération ne devienne trop mécanique, évitez celui du voisin. L'important :
établir à tour de rôle des contacts visuels mutuels avec chacun des
participants. En ce qui concerne les déplacements durant la leçon, le
praticien circule régulièrement selon les besoins de l'activité. Pendant la
routine motrice, il côtoie à tour de rôle chacun des participants pour les
encourager et les corriger s'il y a lieu. Pendant les exposés, il suggère
aux lombalgiques de bouger et donne l'exemple en se déplaçant régulièrement,
en s'asseyant par terre, en s'agenouillant, en s'approchant d'un participant
pour illustrer un point, etc. Pour lutter contre la lombalgie chronique,
les études démontrent depuis longtemps déjà les bienfaits du mouvement
(320, 383). En classe, le
praticien amène le client à se mettre régulièrement en mouvement, et ce, en
dépit de sa douleur actuelle et de sa peur de la perpétuer en bougeant
davantage (384). Pour y parvenir, le praticien agit
d'abord sur ses attentes.
Tableau 4.11 Styles de communication
Style |
Description |
Affirmatif (à privilégier) |
Volume de la voix moyen ou légèrement élevé, gestes ouverts et détendus, contact visuel modérément élevé, sourires joyeux. |
Agressif (à éviter) |
Volume de la voix élevé, gestes rapides, contact visuel élevé, penché vers l’avant, pas de sourires joyeux. |
Non affirmatif (à éviter) |
Volume de la voix faible, gestes tendus, peu de contact visuel, pas ou peu de sourires joyeux. |
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