Nous avons évalué l'efficacité de l'École interactionnelle pour réduire la
douleur lombaire en comparant trois groupes équivalents de lombalgiques :
groupe École interactionnelle (n =17) ; groupe contrôle
(liste d'attente, n =23) ; groupe placebo (TENS sans pile, n =19). La
composition de l'échantillon a fait l'objet d'une description détaillée dans
une publication antérieure (58). Nous avons mesuré
l'intensité et l'aspect désagréable de la douleur à l'aide des échelles
visuelles analogiques de la figure 4.2 que nous
avions préalablement utilisées en laboratoire (239-241).
La procédure d'évaluation se déroule comme suit. Le lombalgique complète les
échelles d'évaluation de la douleur durant trois jours toute les deux heures
pendant les périodes d'éveil. L'évaluation a lieu directement à domicile a
vant, à la fin, trois et six mois après l'intervention.
Avant d'aborder les résultats, précisons que la réduction de la douleur
constitue une condition nécessaire mais non suffisante pour conclure à
l'efficacité d'un traitement de la lombalgie chronique. En effet, il faut en
plus considérer le taux d'abandon. Un « bon » traitement qui
entraîne un taux élevé d'abandon n'est finalement pas efficace puisqu'il
s'adresse à une portion hautement sélective des patients lombalgiques
(370). Comme l'indique le tableau 4.14, le taux moyen
d'abandon de 12 % obtenu à l'École interactionnelle se compare
avantageusement aux autres traitements de prise en charge dont les taux
varient habituellement entre 20 et 40 % (15, 18,
138, 347).
Tableau 4.14 Taux d’abandon à l’École interactionnelle †
Nombre d’Écoles |
Nombre de patients |
Abandon |
Femme |
Homme |
Nombre |
% |
8 |
33 |
30 |
8 |
12,6 |
†Être absent plus de deux des douze étapes à l’École interactionnelle est considéré comme un abandon du traitement; les personnes obèses sont incluses dans nos groupes. (Reproduction autorisée. Tiré de Charest et al. (1994). École interactionnelle du dos. Rhumatologie, 46 (8), 221-237.)
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Concernant la réduction de la douleur, les résultats se présentent comme
suit (figure 4.2). L'École interactionnelle et le
traitement placebo parviennent tous les deux à réduire significativement
l'intensité et l'aspect désagréable de la douleur à la fin du traitement et
trois mois après la fin du traitement (58). À l'École
interactionnelle, cette réduction se maintient six mois après la fin du
traitement pour l'intensité (F(1)= 15,778, P= 0.0004) et l'aspect désagréable
(F(1)= 16,360, P= 0.0003) de la douleur. Il en va de même pour le groupe
placebo qui continu aussi à présenter des différences significatives entre
l'évaluation prétraitement et l'évaluation de six mois
(intensité F(1)= 7,061, P= 0.012 ; aspect
désagréable : F(1)= 5,842, P= 0.0208). Pour sa part, la comparaison
entre l'École interactionnelle et la liste d'attente montre que l'École
interactionnelle est supérieure au simple écoulement du temps pour réduire
l'intensité et l'aspect désagréable de la douleur jusqu'à trois mois après la
fin du traitement (58). De la même façon, l'École
interactionnelle s'avère supérieure à un traitement placebo pour réduire
l'intensité et l'aspect désagréable de la douleur jusqu'à trois mois après
la fin du traitement. Au moment de l'évaluation six mois après la fin des
traitements, les groupes École interactionnelle, liste d'attente et placebo
ne comptent plus respectivement que 12, 14 et 13 sujets. La comparaison
entre l'École interactionnelle et les deux autres groupes n'est alors plus
possible à six mois. En effet, la majorité des lombalgiques du groupe
placebo et de la liste d'attente nous ont alors signalé qu'ils avaient
recours (ou qu'ils avaient eu recours pendant les mois précédents) à un ou
plusieurs traitements, tandis qu'un seul sujet du groupe de l'École
interactionnelle a eu recours à un professionnel de la santé pour ses
problèmes de dos pendant la même période (54).
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