L'évaluation des effets de nos traitements sur la lombalgie chronique requiert
un outil sensible aux moindres altérations de la perception de la douleur
du lombalgique. Même la morphine, un médicament d'une efficacité
incontestable au plan clinique, ne modifie la perception de la douleur
que d'à peine 1°C ou 2°C dans le cas d'une douleur thermique provoquée
en laboratoire (305,308). De plus, pour évaluer la modulation de la douleur,
une échelle en 4 ou 5 niveaux (pas, un peu, moyennement, très, extrêmement)
n'est pas fiable (155). En générale, le patient passera rapidement du
premier au second descripteur à la suite d'une légère augmentation dans
sa perception de la douleur, mais attendra un changement relativement
important avant de passer au troisième ou au quatrième descripteur de
l'échelle. De plus, ce type d'échelle fournit un degré définitivement trop
limité de précision. Les variations dans la perception de la douleur
lombaire dues à des traitements physiques comme le TENS ou comme la
stimulation de la colonne dorsale peuvent être ténues, c'est-à-dire bien
inférieurs aux 20 % ou 25 % de changement que représente chacun des
niveaux d'une échelle à 4 ou 5 descripteurs (44). Une solution simple
consiste à leur substituer plutôt une échelle visuelle analogique
(voir figure 2.10). Dans ce cas-ci, le patient indique le niveau de sa
douleur par un trait de crayon sur une ligne de 100 mm marquée à gauche
des mots « aucune douleur » (0 mm) et à droite de « la pire que je puisse
imaginer » (100 mm). Cette échelle analogique s'avère fiable et très
sensible à détecter la modulation de la douleur, y compris celle de la
lombalgie chronique (75,98,
153,186,
239-241).
Figure 2.10 Échelles d'évaluation de la douleur
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