La clinique constitue l'élément capital de la stratégie diagnostique et
thérapeutique, de l'évaluation de la gravité et du suivi de l'évolution.
L'imagerie ne doit, ni ne peut , se substituer à cette évaluation. Quel que
soit l'examen suggéré, tomodensitométrie (TDM), IRM ou
myélo-saccoradiculographie (SG) (ces trois examens possèdent un rendement
équivalent pour le diagnostic de la hernie discale compressive), il est
indispensable de se souvenir qu'environ 30 % des personnes de moins de
40 ans, sans symptôme, ont une hernie ou des signes de dégénérescence
discale. La cohérence anatomo-clinique prend donc ici toute son importance.
L'imagerie standard est inutile si la sciatique est en voie de guérison.
Par contre, elle se justifie si la douleur s'aggrave ou persiste au delà
d'un délai de deux mois. Face à des traitements urgents, le délai entre le
diagnostic clinique et la mise en évidence du conflit disco-radiculaire par
les examens d'imagerie se doit d'être réduit au minimum. Dans le cas
contraire, la prescription d'un examen d'imagerie supportant l'hypothèse
d'un conflit disco-radiculaire n'est requise que dans un bilan précédant un
traitement chirurgical de la hernie discale. Ce traitement chirurgical, sous
réserve d'aggravations notables, ne doit être envisagé qu'après un délai
d'évolution d'au moins 4 à 8 semaines. Il n'y a pas d'indication de
discographie, de TDM, d'épiduro-tomodensitométrie ou d'arthrographie
articulaire postérieure de première intention. Quand il s'agit d'une
récidive, la répétition des examens d'imagerie n'est justifiée que lorsque
ces examens sont susceptibles de modifier la prise en charge thérapeutique.
Les conclusions de l'Agence nationale pour le développement de l'évaluation
médicale (ANDEM) sur l'imagerie médicale se résument ainsi
(316).
L'imagerie n'assure ni un diagnostic de gravité ni une prévision
d'évolution selon les critères morphologiques. L'imagerie permet, par
contre,
- (i) de diagnostiquer les sciatiques non discales (tumeurs et
spondylodiscite) ;
- (ii) de préciser le conflit disco-radiculaire (en particulier de
s'assurer de la cohérence anatomo-clinique) quand un traitement chirurgical
ou percutané de la hernie discale est décidé.
Cependant dans les cas de tumeurs et d'infections, le
tableau clinique et radiologique ne convaincra pas toujours. L'examen de
première intention reste alors la scintigraphie au technécium. Cette
technique visualise un foyer d'hyperfixation et permet de guider l'IRM.
D'autre part, toujours indiquée dans les cancers ostéophiles, la
scintigraphie permet d'étudier l'ensemble du squelette. Même avec une
faible spécificité, sa sensibilité demeure excellente. Il faudra cependant
compléter la démarche initiale par un examen centré plus spécifique comme
l'IRM. D'autres examens complémentaires, comme la vitesse de sédimentation
appuient le diagnostic différentiel dans le cas des pathologies tumorales,
inflammatoires ou infectieuses. Parmi les patients avec des lombalgies sans
association avec des symptômes de sciatique ou sans trouble neurologique,
la prévalance des déficits neurologiques demeure si faible qu'une
évaluation extensive de cette fonction s'avère habituellement inutile.
L'électromyographie ne possède qu'un intérêt limité dans le diagnostic
différentiel entre une atteinte tronculaire et radiculaire. Elle n'est
d'aucune utilité dans l'indication thérapeutique sauf lors de canaux
lombaires étroits au stade de la claudication radiculaire. Dans ce cas,
l'examen électrologique (EMG, vitesse de conduction motrice, réflexes,
potentiels évoqués somesthésiques lombaires) chiffre bien le stade de
souffrance radiculaire. Selon le degré d'atteinte, l'imagerie myélographique
couplée au scanner est envisagée en bilan préopératoire. L'os n'ayant pas
une bonne définition en IRM, cette technique est moins utilisée. Ici, il
s'agit de mesures chiffrées du canal suivies d'une
intervention sur l'os. Par contre, pour le disque, les muscles, le tissus
nerveux, le liquide céphalo-rachidien, l'espace épidural et les tissus
pathologiques hypervascularisés des tumeurs, l'IRM reste une excellente
technique de diagnostic. Toutefois, il ne faut pas oublier que l'imagerie
augmente l'anxiété du patient. Pour éviter le « syndrome du compte rendu
» et en l'absence de syndromes radiculaires, neurologiques ou
cliniques inquiétants, l'examen clinique suffit. Dans le cas d'atteintes
dégénératives, la clinique reste même déterminante. Il n'existe alors
aucune corrélation entre lombalgies et images et aucune possibilité de
pronostics fondés sur cette imagerie. Trop de discopathies bombantes,
rapidement étiquetées comme hernies discales, conduisent à des indications
opératoires abusives. Elles aboutissent ensuite à une nouvelle catégorie
de pathologies : les lombalgies iatrogènes.
|