Faisant suite à un avis médical recommandant un traitement de type
« École du dos », le bilan fonctionnel pragmatique devrait se
jouer sur un tout autre registre : celui des interactions. Par
opposition aux tableaux cliniques, le bilan fonctionnel pragmatique
abandonne la perspective traditionnelle du « patient-objet » et la
recherche d'une causalité linéaire pour celle, plus complexe, des
interactions humaines. Entre un bon diagnostic ou une bonne relation, la
relation prime maintenant.
Le bilan fonctionnel vise à établir les éléments souhaitables de la
prescription motrice pour remédier au syndrome de déconditionnement
physique qui, la plupart du temps, accompagne la lombalgie chronique
(381). Il permettra aussi de valider, par la mesure
de l'évidence, les progrès inévitables obtenus par le patient après le
traitement. Telle faiblesse musculaire, tel manque d'amplitude articulaire,
telle mesure biomécanique spécifique constituent des signes fonctionnels
importants. Mais le lombalgique ne souffre pas à cause de la faiblesse de
ses abdominaux, de la tension excessive de son triceps sural ou par manque
de tonus de sa partie lombaire. Ces constatations importantes expliquent
rarement le pourquoi. Comme « objet d'observation », les signes
du bilan fonctionnel ne détiennent habituellement aucune signification
particulière en tant que causalité linéaire responsable de la lombalgie.
Si le clinicien s'acharne encore à la recherche de cette causalité pour
valider son diagnostic fonctionnel, s'il se fige dans une vision unilatérale
et monadique des comportements biomécaniques du lombalgique, il s'obligera
à faire appel, tôt ou tard, à des causes cachées pour expliquer certains
des « troubles fonctionnels » observés. Des explications qui
auraient échappées à la logique cartésienne des classifications cliniques
précédentes. Une vision psychiatrisée du bilan fonctionnel. Par contre, du
point de vue pragmatique, les indices fonctionnels offrent à l'intervenant
et à son client des pistes sur le comment. Comment prescrire pour
l'intervenant : la tactique du 180-degrés s'alimente directement aux
sources de ce bilan (module 7).
Comment interpréter sa réalité pour le patient : les cartes de la douleur
s'appuient en partie sur un décodage original de ces constatations
biomécaniques (module 6).
Le bilan fonctionnel dure environ 40 minutes. Pour le praticien, la première
occasion d'utiliser la tactique thérapeutique « expert non-expert »
(tableau 1.5).
Ici, la position one down favorise le recueil de l'information
requise. Le bilan fonctionnel rassemble, dans l'ordre chronologique, cinq
types d'information : (questionnaire - perception et habitudes de vie,
questionnaire - contraintes associées à la douleur,
observations biomécaniques,
identification des zones gâchettes et
bilan musculaire.
|