1. Causes inflammatoires
Se retrouvent ici les spondylarthropathies qui regroupent : spondylarthrite
ankylosante (SPA ou pelvispondylite rhumatismale), arthrites réactionnelles
(suite à des infections intestinales ou génitales) dont la forme la plus
classique mais non la moins fréquente est caractérisée par la triade
oculo-urethro-synoviale ou syndrome de Fiessenger-Leroy-Reiter, rhumatisme
psorasique, rhumatisme des entérocolopaties (maladie de Crohn et
rectocololite hémorragique) et spondylarthropaties juvéniles.
Ces pathologies partagent plusieurs caractéristiques avec certaines autres
arthropathies inflammatoires. Elles ont en commun le terrain génétique,
traduit par la fréquence du phénotype HLA B27, sur lequel elles se greffent
habituellement. Basés sur un cumul de six points, les critères proposés par
Amor et ses collègues (5) permettent d'établir ce
diagnostic avec plus de rigueur (tableau 3.2).
Cinq questions simples permettent d'abord au clinicien de suspecter ce genre de problème:
- raideur matinale ?
- réduction de l'inconfort avec l'exercice ?
- douleur avant 40 ans ?
- apparition lente du problème ?
- épisode supérieur à trois mois ?
2. Maladie hyperostosique de Forestier
Type même de l'entésopathie mais sans signes locaux d'inflammation, cette
maladie se manifeste par une ossification produite à l'intérieur du tissus
fibreux par métaplasie chondrocytaire. Cette ossification
tendino-ligamentaire sans résorption osseuse préalable rend compte des
signes de la maladie. Parmi ceux-ci, on répertorie aussi :
- l'atteinte rachidienne intersomatique (syndesmophytes périphériques de
l'annulus)
- l'ossification du ligament vertébral postérieur,
- l'atteinte du bassin et du talon,
- l'atteinte des genoux et des épaules,
- l'atteinte sacro-iliaque (ossification capsulaire antérieure).
Tableau 3.2 Spondylarthropathies*
Critères |
Symptômes |
Points |
Signes cliniques |
Douleurs nocturnes lombaires; raideur matinale |
1 |
Oligoarthrite asymétrique |
2 |
Douleur fessière sans précision |
1 |
Douleur fessière à bascule |
2 |
Doigt ou orteil en saucisse |
2 |
Talalgie ou tout autre entésopathie |
2 |
Iritis |
2 |
Urétrite non gonococcique ou cervicite moins d’un mois avant le début d’une arthrite |
1 |
Diarrhées moins d’un mois avant une arthrite |
1 |
Antécédent de psoriasis ou de balanite ou entérocolopathie chronique |
2 |
Signes radiologiques |
Sacro-iliite |
3 |
Terrain génétique |
Présence de l’antigène HLA B27 |
2 |
Antécédents familiaux de SPA |
2 |
Syndrome de Reiter |
2 |
Psoriasis |
2 |
Entérocolopathies chroniques |
2 |
Sensibilité au traitement |
Amélioration en 48 heures des douleurs par les AINS et/ou rechute rapide en 48 heures des douleurs à leur arrêt. |
2 |
*Un cumul de six points permet de poser ce diagnostic.
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3. Causes métabolitiques
Parmi les causes métabolitiques de lombalgies non-mécaniques, l'ostéoporose
avec tassement vertébral et le syndrome trophostatique post-ménopausique
(de Seze) figurent en bonne place. L'ostéoporose est bien connue. Quant au
syndrome de Seze, il se manifeste par un tableau clinique où se juxtaposent
déconditionnement musculaire, fibromyalgies, ostéoporose et arthrose
lombaire (330). Plus précisément, l'examen clinique met en évidence :
- des troubles statiques du rachis avec augmentation des courbures (cyphose dorsale, antéprojection cervicale et céphalique et hyperlordose) ;
- un relâchement musculo-ligamentaire généralisé d'origine endocrinienne ;
- de l'ostéoporose et de l'arthrose rachidienne diffuse avec discopathies étagées au stade de la stabilisation ;
- de l'obésité ;
- la panniculose ou cellulite ou fibrosite. Il s'agit d'un épaississement localisé au niveau du tissus adipeux avec douleur lombo-sacrée au niveau des hanches, de la face externe des cuisses, de la région interne des genoux, de la face postérieure des mollets, de la ceinture scapulaire, des régions deltoïdiennes, des pectoraux, de la zone inter-scapulaire et de celle située en avant des oreilles. On remarque la présence de peau d'orange au pincé-roulé avec déclenchement d'une violente douleur aiguë. La chaleur aggrave la douleur et une hyperesthésie existe au contact du coton. La question du point de départ rachidien ou du lien avec la panniculose se pose.
4. Causes infectieuses
D'origines infectieuses, les éléments en faveur de ce type de
spondylodiscites proviennent habituellement du terrain immunitaire, du type
inflammatoire de la douleur, des signes généraux associés et de l'existence
d'une porte d'entrée (316). Une douleur inflammatoire
nocturne associée à une raideur rachidienne chez un malade fébrile les font
suspecter. Il existe ici aussi un syndrome inflammatoire biologique.
L'agent infectieux responsable peut ensuite être évoqué grâce aux données
anamnestiques mettant en évidence une porte d'entrée urinaire, digestive,
cardiaque, vasculaire, le terrain d'une tuberculose ou d'une brucellose,
une immunodépression ou une toxicomanie. D'origine iatrogène, l'infection
découle parfois d'une chirurgie rachidienne. Le bilan en imagerie est
évident. Les prélèvements bactériologiques comme la ponction biopsie
vertébrale permettent d'isoler d'abord l'agent infectieux puis de guider
le traitement.
5. Causes tumorales
Parmi les tumeurs primitives, l'ostéome ostéoïde, tumeur bénigne
ostéoblastique se voit chez l'enfant et l'adulte jeune. Cinquante pour
cent de ces cas se situent dans la région lombaire, essentiellement au
niveau de l'arc postérieur. L'attitude scoliotique douloureuse, la
recrudescence nocturne des douleurs sont caractéristiques de ces causes.
Habituellement, les radiographies ne sont pas concluantes. La scintigraphie
et le scanner centré sur la zone d'hyperfixation assurent le diagnostic.
Citons également parmi ces tumeurs, l'ostéobastome, le kyste anévrysmal, la
tumeur à cellules géantes, l'ostéochondrome et l'hémanglome vertébral.
Parmi les tumeurs malignes primitives, la tumeur d'Ewing se rencontre chez
les enfants et les adultes jeunes. Chez les adultes plus âgés, le chordome,
le lymphome osseux de Parker et Jackson et le plasmocytome solitaire
correspondent aux tumeurs les plus fréquemment rencontrées. Les métastases
vertébrales des cancers primitifs (prostate, sein, rein, thyroïde, sphère
broncho-pulmonaire) atteignent, dans 80 % des cas, des patients de 50 ans
et plus. Elles s'accompagnent de douleurs à prédominance nocturne de type
inflammatoire, de souffrances progressivement croissantes et sans soulagement
possible. Les tumeurs nerveuses intrarachidiennes (méningiomes, neurinomes,
épendymomes, kystes arachnoïdiens) se traduisent aussi par des douleurs
nocturnes, une raideur rachidienne et des petits troubles neurologiques et
sphinctériens. Face à ces pathologies, l'Imagerie par résonance
magnétique (IRM) est devenu l'examen le plus performant.
6. Autres pathologies
Le myélome présente des signes cliniques identiques à ceux des cancers
secondaires mais sa biologie spécifique en fait une pathologie à part. La
maladie de Paget reste souvent asymptomatique et de découverte radiologique
fortuite.
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