Pour s'adapter à la réalité de nos clients lombalgiques, l'École interactionnelle se déroule dans un contexte particulier. De préférence, deux groupes démarrent la même journée, l'un en après-midi et l'autre en soirée (ou deux jours différents dans la même semaine). Le lombalgique évite ainsi de s'absenter d'un cours en changeant simplement de groupe si une situation incontrôlable, mais tout à fait prévisible, se présente (nouvel emploi, changement brusque dans la situation familiale, convocation pour une évaluation médicale obligatoire ou rendez-vous fixé par l'organisme responsable de sa compensation monétaire). Un nombre égal d'hommes et de femmes présentant des tableaux cliniques différents forment le groupe évitant ainsi la ségrégation. Si possible, le groupe inclut aussi un ou deux lombalgiques en congé de maladie ou compensés monétairement pour leur lombalgie.

La salle doit accueillir huit à dix clients lombalgiques disposés en L. Une petite pièce est préférable. Trop spacieuse, elle diminue les possibilités de contacts entre participants. Un endroit calme est important : la tension (particulièrement du muscle frontal) augmente automatiquement en réponse à des stimuli déplaisants (176). Chaque place comprend une chaise, un tapis au sol et des coussins. La répartition des lombalgiques n'est pas laissée au hasard. Le praticien assigne les places en écrivant, sur un carton derrière chacune des chaises, le prénom de ses participants. Sexes et tableaux cliniques alternent. Dans le groupe, chaque participant bénéficie ainsi invariablement d'une identité propre en côtoyant des voisins de sexe et de tableaux cliniques différents. Évitez de placer une personne timide à une extrémité. Prévoyez des activités obligeant les participants à quitter leur place pour se mêler les uns aux autres (ex.: venir au centre de la pièce pour observer de près une colonne vertébrale, pour effectuer des mesures physiques, etc.). Derrière le praticien, un écran d'environ deux mètres carrés fait face aux participants. La pièce conserve son éclairage normal, même lors de la présentation du matériel pédagogique à l'aide de diapositives conventionnelles ou électroniques, tout au long de la rencontre. Cet arrangement réduit au minimum le temps consacré à la manipulation didactique et permet d'établir le taux le plus élevé possible de contacts visuels entre praticien et participants. Pour éviter de devenir un obstacle visuel durant les positions de replis régulièrement utilisées au cours de l'intervention, le projecteur à diapositives ou l'écran de l'ordinateur sont disposés sur une table basse d'environ 45 cm.

Pendant les classes et encouragés par le clinicien, les lombalgiques bougent régulière-ment, changent de posture sur leur chaise, s'assoient, marchent, se tiennent debout ou s'étendent sur leur tapis. D'autre part, ils apprennent aussi à automatiser le verrouillage du bassin : un mécanisme électronique simple, une lumière rouge bien visible, s'allume chaque dix minutes pendant les deux heures de classe. Un signal sonore apparaît en même temps que la lumière. Quelle que soit l'activité en cours, tous les participants (praticiens inclus) s'interrompent pour exécuter aussitôt une série d'environ dix verrouillages du bassin. Il est préférable d'utiliser une lumière rouge et ronde car elle présente les mêmes caractéristiques que les ronds rouges distribués à la septième rencontre pour généraliser sur le terrain les postures de vigilance. Enfin, le praticien organise sa classe en préparant consciencieusement son intervention. Une façon de procéder consiste à visualiser mentalement et une à une les différentes étapes de la leçon. Juste avant la présentation, quelques répétitions à vide vous éviteront les surprises désagréables. Apprenez à vous concentrer sur la tâche à venir et les lombalgiques à recevoir. Arrivez plusieurs minutes avant le début du cours pour préparer la salle et être psychologiquement et matériellement prêt à accueillir vos clients.

Figure 4.1 Disposition de la classe La disposition en "L" facilite la communication visuelle lors des échanges en groupe. Chaque participant (praticiens et clients) dispose des éléments suivants: chaise, tapis, coussins et prénom sur un carton. Prévoir aussi jus et verres pour la pause, ainsi qu'un équipement de projection de diapositives.