Il s'agit d'une adaptation de deux questionnaires (205,
277). En interaction avec son patient, le clinicien
n'a pas besoin d'une question standardisée. Il articule sa discussion autour
de huit questions et coche la réponse la plus appropriée
(encadré 3.4). Il est plus important ici d'écouter
le lombalgique, d'établir un contact visuel, de lui accorder toute votre
attention que de peaufiner le libellé des questions.
-
Conditionnement moteur ? Identifier les abandons et leur
raison. Identifier aussi les goûts personnels du lombalgique pour telle
ou telle activité motrice (reconnue ou non : quille, patin, sports
collectifs). Ces choix pourront faire l'objet d'un objectif spécifique
au contrat. Le fait de pratiquer un sport 3 fois 20 minutes par semaine
devrait classifier vos patients dans la catégorie pratique régulière. Un
test plus spécifique
(Cooper 12 minutes)
leur sera offert durant l'École
pour établir leur niveau de base (module 7).
Rien ne vous empêche d'utiliser des méthodologies plus sophistiquées comme
le tapis roulant pour quantifier leur capacité cardiorespiratoire.
-
Marche ? Ces réponses vous fournissent soit des pistes
associées aux objectifs personnels du lombalgique (augmenter sa
performance à ce niveau), soit un indice supplémentaire de leur
déconditionnement physique. En terme de carte de la douleur, dans le
futur « langage du patient », la carte discale pourrait être
envisagée si en comparant station assise et station debout, la station
debout s'avérait moins pénible que la station assise. Si la posture debout
augmente régulièrement la douleur sans que le bilan médical n'indique
de piste spécifique de diagnostic, le choix devrait se limiter soit à la
carte musculaire-ligamentaire, soit à des combinaisons plus complexes
comme l'instabilité intervertébrale.
-
Station assise ? Les tableaux cliniques indiquent-ils la
présence d'une possibilité d'hernie discale ? Si le patient vous a
été référé, ses chances d'éviter l'opération sont bonnes. La station
debout, les postures en décompression devraient soulager des douleurs de ce
type. Une éducation posturale soigneuse et un travail de conditionnement
moteur et mental complètent bien cette démarche. Si le bilan clinique
n'indique aucune piste à ce niveau, il faut envisager soit la carte musculaire-ligamentaire (posturale), soit la carte instabilité intervertébrale.
Quelques modifications ergonomiques simples solutionnent parfois certains
de ces problèmes. Rester plus longtemps assis sans douleur (être capable
de coudre, de taper à son ordinateur, etc.) peut constituer un objectif
personnel au contrat. Des objectifs faciles à objectiver et parfaitement
réalisables dans le cadre d'une École interactionnelle.
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Déplacements en automobile ? Les tableaux cliniques
indiquent-ils la présence d'une hernie discale ? Les postures en
décompression, les exercices proprioceptifs de placement du bassin
soulagent des douleurs de ce type. Une éducation posturale soigneuse et
un travail de conditionnement moteur et mental complète bien cette
démarche. Si le bilan clinique n'indique aucune piste vers la hernie
discale, le choix devrait être orienté vers la carte
musculaire-ligamentaire ou l'instabilité intervertébrale si les douleurs
disparaissent lors d'exercices de mobilisation-verrouillage de la
charnière dorso-lombaire. Conduire plus longtemps fait aussi partie des
objectifs personnels faciles à objectiver et réalisables dans le cadre
d'une École interactionnelle. Les pistes de solution se situent
habituellement au niveau des modifications ergonomiques simples du poste
de conduite et des solutions à 180-degrés
(tableau 7.1).
-
Station debout ? Ces réponses vous fournissent soit des pistes
associées aux objectifs personnels du patient (augmenter sa performance
à ce niveau), soit un indice de son niveau de déconditionnement moteur.
Dans le langage des cartes de la douleur, ces réponses peuvent être
associées à la carte discale si en comparant station assise et station
debout, la station debout s'avère moins pénible que la station assise.
Si debout, il y a augmentation régulière de la douleur sans que le bilan
clinique n'indique de piste particulière de diagnostic, le choix devrait
se limiter soit à la carte musculaire-ligamentaire, soit à une combinaison
plus complexe comme l'instabilité intervertébrale.
-
Sommeil ? Les processus inflammatoires, la fibromyalgie, les
contraintes posturales, le niveau d'anxiété, le syndrome de
déconditionnement mental et moteur ou de fatigue chronique, les
difficultés familiales, professionnelles ou émotionnelles font partie
des causalités circulaires complexes associées aux troubles du sommeil.
Le bilan clinique explique parfois ces altérations. Les composantes
psychosociales aussi. Vos prescriptions interactionnelles abandonneront
alors la notion de causalité linéaire pour se situer à 180 degrés des
solutions infructueuses tentées à date. Les maux de dos réveillent-ils
constamment ce patient équipé d'un matelas orthopédique dernier cri
(cas réel) ? Qu'il essaye donc le vieux canapé mou du salon. Il
passe des nuits plus confortables. Voilà la solution mais dans son cas
seulement. Les lits mous n'en seront pas, pour autant, recommandés à
tous. Ce lombalgique ne parvient pas à trouver le sommeil ?
Qu'il pratique son activité cardiorespiratoire deux heures avant d'aller
se coucher. Celui-ci faisait justement sa marche juste avant de se mettre
au lit ? Qu'il s'y adonne le matin très tôt...
-
Soins personnels ? Ces indications vous fournissent des
indices importants sur le niveau de déconditionnement moteur et surtout
mental de votre patient. Les chemins de la guérison seront probablement
difficiles si cette personne à besoin d'une aide constante pour subvenir
à ses besoins. Le support du groupe, une sélection soigneuse des cartes
correspondant au langage à utiliser, un investissement important de sa
part pourront cependant lui permettre l'atteinte d'un changement modeste
mais bien réel.
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Autres contraintes ? Nous posons une question ouverte pour
s'informer des autres types de contraintes associées à la douleur.
Indisposer le patient réduit sa collaboration. Une question ouverte lui
offre l'opportunité d'aborder ou non l'impact de ses douleurs sur sa vie.
Par exemple, les informations sur sa vie sexuelle peuvent s'avérer toutes
aussi riches que celles en provenance des autres secteurs. Le contrôle
proprioceptif et les exercices de mobilisation du bassin (« danse du
ventre ») vous donnerons de toute façon, et dès la première leçon,
une occasion discrète d'évaluer ce problème. Vous en profiterez encore
pour faire le lien avec les cartes de la douleur. Un lien entre douleur,
cyphose lombaire et carte discale. Vous proposerez un autre lien, celui-ci
entre lordose lombaire et carte facettaire. Le rôle de l'imaginaire dans
la sexualité fait aussi partie d'une composante que nous mentionnons en
préparation mentale (module 8).
Avec les conséquences indésirables de la guérison, certains lombalgiques,
alors plus à l'aise, aborderont d'eux-mêmes ce sujet devant le groupe
(module 12). Un sujet dans
lequel certains puisent l'un des changements importants qu'ils souhaitent
obtenir sur les chemins de la guérison.
Encadré 3.4 Questionnaire - contraintes associées à la douleur
(À remplir par l’intervenant; cochez seulement les réponses affirmatives)
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