Question 1
En posant les questions « Pourquoi venez-vous nous rencontrer
aujourd'hui ? » « Que voulez-vous en venant ici ? », nous évaluons si
le patient vient pour des raisons personnelles (client) ou
strictement parce qu'il est référé (touriste). Une information
fondamentale : le touriste reste virtuellement impossible à influencer
(12). Il faut d'abord le rendre client en l'amenant
à désirer un changement. Nous présentons clairement les avantages du
traitement (réduction de la douleur, augmentation de l'autonomie, etc.) et
les désavantages (le programme requiert des efforts soutenus). Nous
terminons en signalant simplement au patient lombalgique qu'il a le choix
d'entrer ou pas à l'École du dos (module 1).
Question 2
Cette question touche deux aspects importants des attentes du lombalgique :
son espoir de guérir et son engagement à fournir les efforts requis par le
programme. Le praticien doit approcher le lombalgique avec la certitude
d'une amélioration possible. Il lui procure ainsi l'espoir de guérir. Un
espoir confirmé et délimité par la consigne de la question: « Nous
savons d'expérience que l'École du dos va vous permettre de réduire de façon
significative vos douleurs lombaires, sans toutefois les faire disparaître
totalement. » Ensuite, la description de l'horaire des rencontres et
l'interrogation de l'emploi du temps complètent cette question. C'est
souvent à ce moment-ci que le lombalgique réalise pour la première fois que,
contrairement aux autres traitements qu'il a reçus, l'École interactionnelle
lui confère un rôle actif dans sa guérison. Non seulement il
« peut », mais il « doit » prendre un engagement de se
mettre au travail dès la première rencontre en groupe. Nous ne considérons
pas qu'un horaire chargé soit d'une importance particulière en tant
qu'obstacle à la participation. Par contre, nous accordons toute notre
attention à la réponse que suscite la question. Quand le lombalgique nous
explique comment il modifiera son emploi du temps, il s'explique du même
coup à lui-même l'aménagement d'horaire qu'il doit effectuer pour
participer au traitement. Plus vous l'amenez à décrire clairement ce nouvel
emploi du temps, plus la probabilité qu'il effectue le changement requis
augmente.
Question 3
En précisant qu'il investira « beaucoup de temps pour aider chacun des
participants », le praticien formalise justement ce lien entre les
efforts des uns et des autres. Il propose un engagement mutuel. Avant
d'investir autant de temps dans un patient, le clinicien doit s'assurer de
sa participation. Souvent, nos lombalgiques répondent à cette question en
disant: « Moi, quand je commence quelque chose, je vais jusqu'au bout ».
À nos yeux, une telle réponse suffit. Elle signifie que le lombalgique
prend l'engagement de participer aux rencontres. D'ailleurs, pour faciliter
cet engagement, nous débutons deux groupes la même journée, un en après-midi
et l'autre en soirée. Au besoin, les participants peuvent ainsi éviter de
manquer une rencontre en changeant temporairement de groupe. Il n'en reste
pas moins qu'il est aussi possible qu'une activité prévue et importante
puisse empêcher un participant d'assister à l'une des rencontres en groupe.
Dans ce cas, nous appliquons la règle suivante : deux absences au
maximum restent acceptables, mais à la condition de reprendre les étapes
manquées. Ce qui signifie, d'une part, lire le texte correspondant à ces
rencontres dans le livre d'accompagnement (57). Puis,
d'autre part, poursuivre la pratique de sa routine motrice quotidienne six
fois par semaine et s'adonner aux autres activités prévues au programme.
Par contre, le lombalgique qui prévoit manquer trois rencontres ou plus
n'est pas sélectionné ; de même, trois absences constituent un cas
d'abandon du traitement.
Question 4
Si, aujourd'hui, vos douleurs étaient tout à coup réduites de façon
importante ? Cette question établit les objectifs personnels que le
lombalgique désire atteindre à la fin du traitement, des objectifs qui
complètent le changement souhaité de la réduction de ses douleurs lombaires.
Orienter le traitement vers des objectifs personnels stimule l'intérêt du
patient et l'amène à collaborer davantage. Toutefois, pour être utiles, ces
objectifs doivent être formulés de façon opérationnelle. Ils décrivent à
la fois un comportement et un critère de réussite
(tableau 5.2).
Le clinicien note soigneusement cette information (après le départ du
patient). Elle servira à préciser sur le contrat deux objectifs personnels
poursuivis par le lombalgique à l'École interactionnelle
(module 5).
Question 5
Sur une échelle de 0 à 10...? Cette question introduit une échelle simple
dont l'usage procure au lombalgique un moyen pratique de communiquer sa
douleur et ses fluctuations. De plus, en utilisant cette échelle, le
clinicien institue clairement une règle fondamentale qui gouvernera
désormais leurs relations : le patient est l'unique expert de sa
douleur. Une règle qui demeurera tout au long du traitement.
Question 6
La question 6 donne au clinicien la possibilité de répondre à toutes les
préoccupations du patient et à lui accorder ainsi son écoute. Lorsqu'un
individu trouve quelqu'un qui l'écoute et qui l'accepte, il collabore plus
facilement, ce qui crée des circonstances favorables aux changements
(343)
.
Par ces six questions, le praticien module
l'espoir de guérison du lombalgique et crée chez lui des attentes réalistes.
Il lui présente clairement les avantages du traitement (réduction de la
douleur, atteinte d'objectifs personnels) et les désavantages (il doit
accomplir les tâches prévues au programme exigeant temps et efforts :
environ 50 minutes par jour, six jours semaine). Tout au long du bilan
interactionnel, le lombalgique conserve le choix d'entrer ou pas à l'École
du dos. Il reste à la disposition du praticien suffisamment de machines
(TENS, diathermie, ultra son, laser) pour offrir, au lombalgique qui
demeurera « touriste » en dépit de cette démarche pour le motiver,
une autre alternative. Mis à part le TENS, l'efficacité de ces machines
dépend alors davantage d'une bonne réponse au placebo
(241).
En plus des six questions mentionnées, deux dispositions contribuent à
motiver le lombalgique: thérapie exclusive et constitution du groupe.
Thérapie exclusive signifie que, pendant toute la durée de l'École
du dos, le lombalgique s'engage à ne recourir à aucun autre traitement. La
chronicité de leurs douleurs amène certains lombalgiques à suivre plus
d'une thérapie à la fois. Nous insistons pour qu'ils essaient tous les
traitements désirés avant de commencer notre programme. La constitution
du groupe s'effectue selon une répartition par sexe et par tableaux
cliniques. Plus précisément, le praticien forme des groupes de (huit à dix)
lombalgiques, constitués d'un nombre équivalent d'hommes et de femmes
présentant des tableaux cliniques différents. Une semaine s'écoule avant
d'annoncer au lombalgique sa sélection dans un groupe qui ne débutera que
trois à huit semaines après l'évaluation clinique. Un délai suffisant pour
effectuer cette répartition qui procure, à chaque participant, une identité
propre à l'intérieur du groupe. Chaque lombalgique se distingue alors des
autres participants quant à l'origine de sa douleur. Adaptée à sa condition,
sa routine motrice, comme ses cartes de la douleur, diffère aussi de celle
des autres. Enfin, le traitement en groupe constitue, en lui-même, une
puissante source de motivation. Dans de tels groupes, le patient bénéficie
- souvent pour la première fois - d'un support inconditionnel de
la part des participants. Personne ne remet en doute des souffrances qu'ils
partagent ensembles.
Encadré 3.5 Client-touriste
-
Pourquoi venez-vous nous rencontrer aujourd’hui ? Que voulez-vous en
venant ici ?
-
Nous savons d’expérience que l’École du dos va vous
permettre de réduire de façon significative vos douleurs
lombaires, sans toutefois les faire disparaître totalement.
L’École du dos se déroulera pendant onze semaines
consécutives (par exemple, mercredi de 14h00 à 16h00 pour
un groupe, de 19h00 à 21h00 pour l’autre). En plus de ces deux
heures par semaine, nous allons vous demander de consacrer environ 50
minutes par jour, six jours semaine, aux apprentissages théoriques
et pratiques identifiés dans le programme de traitement.
Comment pouvez-vous modifier votre emploi du temps pour participer
à l’École du dos et réaliser les tâches
prévues au programme ?
Nous investissons beaucoup de temps pour aider chacun des participants.
Nous voulons être sûr que personne n’abandonnera le traitement
en cours de route. Quelle assurance pouvez-vous nous donner que vous
participerez à toutes les rencontres prévues ?
-
Si, aujourd’hui, vos douleurs étaient tout à coup
réduites de façon importante :
Qu’aimeriez-vous faire que vous ne faites pas actuellement à cause
de vos maux de dos ? (Faites décrire des activités
mesurables comme : parvenir à marcher une heure sans
arrêt, exécuter un travail manuel quelconque pendant deux
heures consécutives, etc.)
Qu’aimeriez-vous cesser que votre mal de dos vous oblige à faire
actuellement ? (exemple : prendre des médicaments,
rester à la maison quand toute la famille va se promener en auto, etc.)
-
Imaginons une échelle graduée de 0 à 10 où
0 signifie « aucune douleur » et 10 « la pire douleur que
je peux imaginer ». Au moment où je vous parle, à
combien se situe actuellement votre douleur ? S’agit-il de la pire
douleur de cette semaine ?
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Nous disposons maintenant de toutes les informations nécessaires
pour étudier soigneusement votre dossier. Avant de se quitter,
avez-vous des questions à nous poser ?
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