Chacun de nos messages comporte deux dimensions : contenu et relation. Chaque
acte communicationnel transmet en premier lieu une certaine information.
Celle-ci constitue le contenu du message. Les objectifs didactiques de la
plupart des Écoles conventionnelles s'attachent à cerner ces contenus. Mais
le message implique aussi un aspect qui indique comment celui qui reçoit le
message devrait le comprendre. Cette seconde dimension constitue la relation.
Elle exprime et détermine en fin de compte la nature des échanges entre les
partenaires. Parfois, l'aspect relationnel est souligné au plan verbal par
l'ajout d'une remarque comme : « Pour éviter les maux de dos,
ne faites plus l'amour avec votre partenaire...mais c'est une blague,
voyons ! », ou « Pour éviter les maux de dos, changez
régulièrement de posture...c'est un ordre. ». Dans le premier cas,
« c'est une blague, voyons ! » signifie manifestement que
l'émetteur conçoit sa relation avec le destinataire comme une relation
égalitaire où il est permis de plaisanter. Pour sa part, « c'est un
ordre » indique visiblement que l'émetteur conçoit sa relation avec
le destinataire comme une relation de domination. Nous avons rarement recours
à de telles amplifications verbales pour définir nos relations. Nous
communiquons plutôt, à chacun des messages, notre définition de la relation
dans son contexte à l'aide de dispositifs communicationnels
(53). Voix calme accompagnée d'un infime changement
d'intonation, bref regard mutuel, léger rapprochement et autres signaux
non verbaux suffisent à rendre explicite notre définition de la relation à
chaque énonciation. Même dans le cas d'une interaction exclusivement non
verbale, l'acte communicationnel comporte un contenu et une relation.
Pensons au praticien et au lombalgique qui échangent en silence pendant un
instant un geste très ancien : la poignée de main. Ce geste divulgue
lui-même une information constituant le contenu du message (« débutons
l'interaction »). En même temps, les partenaires définissent la manière
dont ils conçoivent leur relation dans ce contexte par d'autres indices non
verbaux comme la fréquence et la durée des touchers, des sourires joyeux,
des regards mutuels, etc.
Qu'un message comporte un contenu va de soi, mais qu'à chaque message nous
définissions notre relation par des indices précisant comment celui qui
reçoit le message devrait le comprendre surprend toujours le thérapeute
traditionnel. D'autant plus que la congruence entre contenu et relation est
nécessaire dans une relation intime saine. Pour notre santé mentale, il est
d'une importance fondamentale « que nos perceptions interpersonnelles
soient reconnues et que nos définitions relationnelles soient acceptées et
confirmées par nos partenaires. Être compris par autrui signifie que l'autre
partage avec nous notre propre vision de la réalité interpersonnelle et la
ratifie d'une certaine façon. » (393, p.23). Dans
le contexte didactique particulier créé par les Écoles du dos, une
interaction professionnelle efficace dépend aussi de la congruence entre
le contenu véhiculé et la relation établie avec les participants.
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