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Matériel d'intervention
FAQ
Bibliographie
1.  Stratégie
1.1  Interaction
1.1.1  Monadique vs pragmatique
1.2  Causalité circulaire
1.3  Axiomes
2.  Tactiques
 1. Effet Palo Alto

INTERACTION

Impossible d'y échapper : pour saisir l'essence de la relation praticien-patient, il faut d'abord considérer l'interaction ou l'ensemble de la triade émetteur-signe-destinataire. Déplacer en quelque sorte notre point de vue de l'individu (praticien ou lombalgique) vers la relation entre les partenaires. Cette relation possède des propriétés propres. Précisons qu'il existe « fondamentalement deux types de contenus dans la perception humaine : objets et relations. » (393, p. 12). Deux contenus par nature radicalement différents l'un de l'autre. Les objets - pris au sens le plus large - désignent tout ce que l'on retrouve dans le monde extérieur. Les objets possèdent une existence indépendante de l'observateur. Pour étudier ces objets et leurs propriétés caractéristiques, la pertinence de les considérer comme des monades ne fait aucun doute. Surgit-il des différences d'opinions quant à leurs propriétés ? Des investigations objectives tranchent éventuellement la controverse. Illustrons ce point par la découverte de la vie à des températures dépassant le point d'ébullition de l'eau. Deux positions théoriques prévalaient sur le sujet au début des années quatre-vingts (141). La première prétendait que la vie ne pouvait exister à une température supérieure à 100°C : les molécules dont nous sommes faits, à la base de toutes les formes de vie connues jusque-là, sont détruites à 100°C ; l'ADN se morcelle et les protéines se décomposent, habituellement en quelques secondes. L'autre position soutenait l'inverse. En 1982, dans des sources d'eau chaude peu profondes près de la côte de la Sicile, un microbiologiste décèle les premiers organismes qui se multiplient au delà de 100°C. En conséquence, ceux qui postulaient que des organismes peuvent vivre à une température excédant 100°C ont eu raison et les autres tort. Dans cette étude monadique des conditions nécessaires à la vie, prétendre qu'une opinion est juste et l'autre fausse est possible et tout à fait adéquat. La hernie discale, la sténose et les critères de sélection contenus dans nos tableaux cliniques constituent aussi des objets d'étude (tableau 3.7). Leur existence dépasse les barrières culturelles. Les experts s'accordent sur leur réalité. En cas de divergence, une approche monadique donnera raison aux uns et tort aux autres. Somme toute, les objets (i) possèdent une existence indépendante et (ii) offrent la possibilité de prouver la véracité de nos opinions et de leurs caractéristiques. Par contre, il en va tout autrement de la relation que le clinicien établit nécessairement avec chacun des lombalgiques dans le cadre d'une École du dos (tableau 1.1).

Tableau 1.1

Distinction entre objet et relation

Possède une
existence indépendante
Offre la possibilité
de vérifier ses caractéristiques
Objet OUI OUI
Relation NON NON

Contrairement aux objets, les relations ne sont pas des phénomènes dotés d'une existence indépendante. Elles ne sont donc pas « réelles » au même sens que les objets. Tout en constituant pour chacun d'entre nous l'un des aspects les plus immédiats de notre vie, les relations n'existent que dans l'optique des partenaires. En outre, contrairement aux caractéristiques vérifiables des objets, il est tout à fait inexact de prétendre, qu'en cas de désaccord au sujet de la définition d'une relation humaine, un des partenaires puisse avoir raison et l'autre tort. La relation n'offre tout simplement pas la possibilité de vérifier ses propres caractéristiques. En conséquence, pour saisir ou étudier la relation praticien-lombalgique, deux points de vue restent possibles : perspective unilatérale d'un des partenaires (conception monadique) ou perspective de l'observateur (conception pragmatique).

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