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1.  Composantes
2. Bilan médical
3. Bilan fonctionnel
4. Bilan interactionnel
4.1  Questions du bilan interactionnel
 3. Évaluation clinique

LES QUESTIONS DU BILAN INTERACTIONNEL

Question 1

En posant les questions « Pourquoi venez-vous nous rencontrer aujourd'hui ? » « Que voulez-vous en venant ici ? », nous évaluons si le patient vient pour des raisons personnelles (client) ou strictement parce qu'il est référé (touriste). Une information fondamentale : le touriste reste virtuellement impossible à influencer (12). Il faut d'abord le rendre client en l'amenant à désirer un changement. Nous présentons clairement les avantages du traitement (réduction de la douleur, augmentation de l'autonomie, etc.) et les désavantages (le programme requiert des efforts soutenus). Nous terminons en signalant simplement au patient lombalgique qu'il a le choix d'entrer ou pas à l'École du dos (module 1).

Question 2

Cette question touche deux aspects importants des attentes du lombalgique : son espoir de guérir et son engagement à fournir les efforts requis par le programme. Le praticien doit approcher le lombalgique avec la certitude d'une amélioration possible. Il lui procure ainsi l'espoir de guérir. Un espoir confirmé et délimité par la consigne de la question: « Nous savons d'expérience que l'École du dos va vous permettre de réduire de façon significative vos douleurs lombaires, sans toutefois les faire disparaître totalement. » Ensuite, la description de l'horaire des rencontres et l'interrogation de l'emploi du temps complètent cette question. C'est souvent à ce moment-ci que le lombalgique réalise pour la première fois que, contrairement aux autres traitements qu'il a reçus, l'École interactionnelle lui confère un rôle actif dans sa guérison. Non seulement il « peut », mais il « doit » prendre un engagement de se mettre au travail dès la première rencontre en groupe. Nous ne considérons pas qu'un horaire chargé soit d'une importance particulière en tant qu'obstacle à la participation. Par contre, nous accordons toute notre attention à la réponse que suscite la question. Quand le lombalgique nous explique comment il modifiera son emploi du temps, il s'explique du même coup à lui-même l'aménagement d'horaire qu'il doit effectuer pour participer au traitement. Plus vous l'amenez à décrire clairement ce nouvel emploi du temps, plus la probabilité qu'il effectue le changement requis augmente.

Question 3

En précisant qu'il investira « beaucoup de temps pour aider chacun des participants », le praticien formalise justement ce lien entre les efforts des uns et des autres. Il propose un engagement mutuel. Avant d'investir autant de temps dans un patient, le clinicien doit s'assurer de sa participation. Souvent, nos lombalgiques répondent à cette question en disant: « Moi, quand je commence quelque chose, je vais jusqu'au bout ». À nos yeux, une telle réponse suffit. Elle signifie que le lombalgique prend l'engagement de participer aux rencontres. D'ailleurs, pour faciliter cet engagement, nous débutons deux groupes la même journée, un en après-midi et l'autre en soirée. Au besoin, les participants peuvent ainsi éviter de manquer une rencontre en changeant temporairement de groupe. Il n'en reste pas moins qu'il est aussi possible qu'une activité prévue et importante puisse empêcher un participant d'assister à l'une des rencontres en groupe. Dans ce cas, nous appliquons la règle suivante : deux absences au maximum restent acceptables, mais à la condition de reprendre les étapes manquées. Ce qui signifie, d'une part, lire le texte correspondant à ces rencontres dans le livre d'accompagnement (57). Puis, d'autre part, poursuivre la pratique de sa routine motrice quotidienne six fois par semaine et s'adonner aux autres activités prévues au programme. Par contre, le lombalgique qui prévoit manquer trois rencontres ou plus n'est pas sélectionné ; de même, trois absences constituent un cas d'abandon du traitement.

Question 4

Si, aujourd'hui, vos douleurs étaient tout à coup réduites de façon importante ? Cette question établit les objectifs personnels que le lombalgique désire atteindre à la fin du traitement, des objectifs qui complètent le changement souhaité de la réduction de ses douleurs lombaires. Orienter le traitement vers des objectifs personnels stimule l'intérêt du patient et l'amène à collaborer davantage. Toutefois, pour être utiles, ces objectifs doivent être formulés de façon opérationnelle. Ils décrivent à la fois un comportement et un critère de réussite (tableau 5.2). Le clinicien note soigneusement cette information (après le départ du patient). Elle servira à préciser sur le contrat deux objectifs personnels poursuivis par le lombalgique à l'École interactionnelle (module 5).

Question 5

Sur une échelle de 0 à 10...? Cette question introduit une échelle simple dont l'usage procure au lombalgique un moyen pratique de communiquer sa douleur et ses fluctuations. De plus, en utilisant cette échelle, le clinicien institue clairement une règle fondamentale qui gouvernera désormais leurs relations : le patient est l'unique expert de sa douleur. Une règle qui demeurera tout au long du traitement.

Question 6

La question 6 donne au clinicien la possibilité de répondre à toutes les préoccupations du patient et à lui accorder ainsi son écoute. Lorsqu'un individu trouve quelqu'un qui l'écoute et qui l'accepte, il collabore plus facilement, ce qui crée des circonstances favorables aux changements (343)

. Par ces six questions, le praticien module l'espoir de guérison du lombalgique et crée chez lui des attentes réalistes. Il lui présente clairement les avantages du traitement (réduction de la douleur, atteinte d'objectifs personnels) et les désavantages (il doit accomplir les tâches prévues au programme exigeant temps et efforts : environ 50 minutes par jour, six jours semaine). Tout au long du bilan interactionnel, le lombalgique conserve le choix d'entrer ou pas à l'École du dos. Il reste à la disposition du praticien suffisamment de machines (TENS, diathermie, ultra son, laser) pour offrir, au lombalgique qui demeurera « touriste » en dépit de cette démarche pour le motiver, une autre alternative. Mis à part le TENS, l'efficacité de ces machines dépend alors davantage d'une bonne réponse au placebo (241).

En plus des six questions mentionnées, deux dispositions contribuent à motiver le lombalgique: thérapie exclusive et constitution du groupe. Thérapie exclusive signifie que, pendant toute la durée de l'École du dos, le lombalgique s'engage à ne recourir à aucun autre traitement. La chronicité de leurs douleurs amène certains lombalgiques à suivre plus d'une thérapie à la fois. Nous insistons pour qu'ils essaient tous les traitements désirés avant de commencer notre programme. La constitution du groupe s'effectue selon une répartition par sexe et par tableaux cliniques. Plus précisément, le praticien forme des groupes de (huit à dix) lombalgiques, constitués d'un nombre équivalent d'hommes et de femmes présentant des tableaux cliniques différents. Une semaine s'écoule avant d'annoncer au lombalgique sa sélection dans un groupe qui ne débutera que trois à huit semaines après l'évaluation clinique. Un délai suffisant pour effectuer cette répartition qui procure, à chaque participant, une identité propre à l'intérieur du groupe. Chaque lombalgique se distingue alors des autres participants quant à l'origine de sa douleur. Adaptée à sa condition, sa routine motrice, comme ses cartes de la douleur, diffère aussi de celle des autres. Enfin, le traitement en groupe constitue, en lui-même, une puissante source de motivation. Dans de tels groupes, le patient bénéficie - souvent pour la première fois - d'un support inconditionnel de la part des participants. Personne ne remet en doute des souffrances qu'ils partagent ensembles.

Encadré 3.5 Imprimer Client-touriste

  1. Pourquoi venez-vous nous rencontrer aujourd’hui ? Que voulez-vous en venant ici ?

  2. Nous savons d’expérience que l’École du dos va vous permettre de réduire de façon significative vos douleurs lombaires, sans toutefois les faire disparaître totalement. L’École du dos se déroulera pendant onze semaines consécutives (par exemple, mercredi de 14h00 à 16h00 pour un groupe, de 19h00 à 21h00 pour l’autre). En plus de ces deux heures par semaine, nous allons vous demander de consacrer environ 50 minutes par jour, six jours semaine, aux apprentissages théoriques et pratiques identifiés dans le programme de traitement.

    Comment pouvez-vous modifier votre emploi du temps pour participer à l’École du dos et réaliser les tâches prévues au programme ?

    Nous investissons beaucoup de temps pour aider chacun des participants. Nous voulons être sûr que personne n’abandonnera le traitement en cours de route. Quelle assurance pouvez-vous nous donner que vous participerez à toutes les rencontres prévues ?

  3. Si, aujourd’hui, vos douleurs étaient tout à coup réduites de façon importante :

    Qu’aimeriez-vous faire que vous ne faites pas actuellement à cause de vos maux de dos ? (Faites décrire des activités mesurables comme : parvenir à marcher une heure sans arrêt, exécuter un travail manuel quelconque pendant deux heures consécutives, etc.)

    Qu’aimeriez-vous cesser que votre mal de dos vous oblige à faire actuellement ? (exemple : prendre des médicaments, rester à la maison quand toute la famille va se promener en auto, etc.)

  4. Imaginons une échelle graduée de 0 à 10 où 0 signifie « aucune douleur » et 10 « la pire douleur que je peux imaginer ». Au moment où je vous parle, à combien se situe actuellement votre douleur ? S’agit-il de la pire douleur de cette semaine ?

  5. Nous disposons maintenant de toutes les informations nécessaires pour étudier soigneusement votre dossier. Avant de se quitter, avez-vous des questions à nous poser ?

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