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Bibliographie
1.  Stratégie
2.  Tactiques
2.1  Client touriste
2.2  Expert non expert
2.3  Marge de manoeuvre
2.4  Changement minimal
2.5  Position symétrique
2.6  Le 180 degrés
2.7  Le recadrage
2.8  Conséquence indésirable
2.9  Language injonctif
2.10 Épilogue
 1. Effet Palo Alto

RECADRAGE

Une autre tactique thérapeutique concerne le recadrage. Recadrer signifie fournir une explication verbale qui change le sens conceptuel ou émotionnel d'une situation particulière tout en étant compatible avec le cadre de référence du client (396). À l'aide des recadrages indiqués au tableau 1.6, le praticien modifie chez le lombalgique sa perception de trois «nbsp;réalitésnbsp;» : douleur, amélioration et rechute. N'oublions pas que les perceptions associées à la douleur chronique dépendent d'une signification qui reste individuelle (357). Chez le lombalgique chronique, les recadrages qui « réinterprètent la sensation douloureuse s'avèrent plus efficaces que de se concentrer sur les sensations somatiques ou détourner l'attention de la douleur. » (333,p. 638). Recadrer la douleur reste fondamentale puisque toute amélioration passe par le changement des croyances et des peurs qui s'y rattachent (139,154,383,384). Aussi, dès la première leçon, offrez à vos participants cette réinterprétation : « À nos yeux, l'effet limitatif de votre douleur lombaire se fonde sur l'absence de moyens pour la gérer. En retour, cette absence de moyens engendre une peur souvent plus limitative que votre douleur elle-même. Le but de l'École du dos consiste précisément à dépasser cette limite en apprenant à s'autotraiter ». Ou encore, au moment où un lombalgique rapporte des effets douloureux liés aux activités physiques : «  Commencer un entraînement physique augmente obligatoirement l'intensité de la douleur lombaire ; par conséquent, c'est un bon signe que de souffrir davantage du dos au cours des premières semaines de votre entraînement ». En somme, il s'agit de recadrer la signification négative que peut proposer le lombalgique par une explication plus positive qui présente, en quelque sorte, la douleur comme une conséquence normale, l'amener à percevoir la douleur comme utile et par conséquent, comme moins intolérable. De tels recadrages procurent au lombalgique non seulement un contrôle plus grand de son corps, mais renforce en plus sa confiance dans le praticien qui prédit et interprète correctement les effets de l'exercice.

Tableau 1.6

Recadrages

Cible Diapo
DOULEURS
"plus de douleur est bon signe" #4-04
"l'absence de moyens (pour gérer ses douleurs) engendre une peur souvent plus limitative que la douleur elle-même" #1-03
AMÉLIORATIONS
"dépasser les exigences est contre-productif" #5-23
"dormir à volonté est un atout" #7-23
"avancer lentement" #8-03
"il est tout à fait normale de substituer à la pratique de ses exercices de nouvelles activités (propres aux vacances d'été, par exemple) et puis de reprendre plus tard son programme régulier" #12-03
RECHUTES
"les rechutes sont normales et attendues" #11-17

La seconde série de recadrages s'appliquent aux améliorations qui ne manqueront pas de se produire. Le praticien évite de simplement encourager le lombalgique qui fait état d'une amélioration précise l'ayant particulièrement satisfait. Plutôt, il le félicite et le met aussitôt en garde contre le fait de vouloir aller trop vite lui donnant « de bonnes raisons d'avancer lentement » (104, p. 197). Cette situation se présente immanquablement avec les lombalgiques lourdement médicamentés. Dès le début, l'animateur les prévient qu'ils devront débuter le sevrage de leurs médicaments à la septième rencontre du groupe (diapo #1-12). Il leur offre son support et celui du groupe. Au moment où le lombalgique parvient à réduire de façon significative sa consommation de médicaments, il intervient de la façon suivante : « Nous sommes impressionnés par la réduction de vos doses. Cependant, l'expérience nous enseigne qu'en voulant aller trop vite, vous risquez d'échouer. Nous vous recommandons donc de prendre votre temps ». Au lieu d'un échec, cette injonction d'avancer lentement permettra à l'avenir de considérer tout recul temporaire (un ou deux retours par semaine à la dose initiale, par exemple) comme une étape normale du sevrage. Cette injonction facilite aussi l'ajustement du rythme des activités physiques. Le praticien rappelle régulièrement à ses clients lombalgiques de ne pas prendre plus de 15 minutes par jour pour pratiquer leur routine motrice, de ne pas se livrer à une activité cardiorespiratoire plus de cinq fois par semaine, de ne pas dépasser les exigences des programmes mis à leur disposition. L'expérience nous confirme que les lombalgiques qui persistent dans leurs entraînements après la fin de l'École interactionnelle consacrent au maximum 15 minutes par jour à leur routine motrice et se livrent à une activité physique raisonnable (54). Enfin, la troisième série de recadrages s'adressent aux rechutes. À la fin de l'École interactionnelle, le praticien se garde de rassurer le client sur le fait que les rechutes ne se reproduiront plus (chapitre 15). Au contraire, il définit la rechute comme un événement attendu, donc « normal », voire même comme un événement positif sur les chemins de la guérison : le lombalgique dispose désormais de tous les moyens nécessaires pour s'autotraiter, y inclus dans les moments de crise.

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