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FAQ
Bibliographie
1.  Stratégie
2.  Tactiques
2.1  Client touriste
2.2  Expert non expert
2.3  Marge de manoeuvre
2.4  Changement minimal
2.5  Position symétrique
2.6  Le 180 degrés
2.7  Le recadrage
2.8  Conséquence indésirable
2.9  Language injonctif
2.10 Épilogue
 1. Effet Palo Alto

EXPERT NON-EXPERT

Le praticien applique la tactique expert non-expert en utilisant, à mesure qu'évolue le traitement, une position adaptée, et aux particularités du lombalgique, et à la spécificité de la situation. Pour établir le lien entre cette tactique thérapeutique et un des axiomes de la communication, rappelons-nous que la communication complémentaire implique par définition deux positions : one up et one down. Le praticien applique la tactique expert non-expert en choisissant de façon stratégique soit la position d'expert (one up), soit la position de non-expert (one down) dans ses relations complémentaires avec le lombalgique. En cas de doute, il doit privilégier la position de non-expert pour deux raisons. D'une part, l'expérience clinique nous enseigne qu'il est assez rare de trouver un lombalgique qui réagisse bien et longtemps à une position d'autorité (one up). D'autre part, il est plus facile de passer de la position one down à une position one up que le contraire. En outre, une position one down est fréquemment requise du fait que le lombalgique chronique demeure l'unique « expert » de sa douleur lombaire (chapitre 2). Deux exemples illustrent le pouvoir d'influence découlant du fait de prendre une position one down. Poser une question et y répondre constitue une interaction complémentaire où questionner occupe la position inférieure et répondre la position supérieure (340). Au début de la première rencontre en groupe, le praticien interactionnel prend stratégiquement une position one down en présentant les douze étapes du programme. Il pose systématiquement des questions à chacun des participants en classe. Pensez-vous avec cette étape soulager vos douleurs lombaires ? Avez-vous déjà essayé d'autres traitements ? Depuis combien de temps souffrez-vous de maux de dos ? Par ses réponses, le client lombalgique révèle ses attentes. Une information substantielle, et pour l'animateur, et pour les autres participants. Elle procure au praticien la première opportunité en classe de moduler profondément les attentes de chacun de ses lombalgiques (chapitre 6). Une opportunité qui ne se présente tout simplement jamais si le clinicien occupe systématiquement une position one up.

Autre exemple : à la seconde rencontre en groupe, les participants sont initiés à un jeu de six cartes. Un support didactique destiné à proposer un rationnel à l'origine de leur douleur. Carte musculaire et ligamentaire, facettaire, discale, d éséquilibre lombaire (combinaison de la carte facettaire et discale), racine nerveuse et carte médicale composent la donne initiale (tableau 6.1). Au lieu d'offrir d'emblée son diagnostic professionnel (plus que contestable de toute façon chez le lombalgique chronique (281), le praticien prend une position one down en laissant chaque participant le soin de déterminer par lui-même les cartes de la douleur qui « décrivent » le mieux son problème lombaire. Le praticien porte alors son attention au « langage » du lombalgique, à la version de la réalité qu'il propose, tout en lui procurant les informations requises pour le faire cheminer dans sa réflexion - favorisant ainsi une véritable démarche d'auto-apprentissage (57). Au fond, toutes les positions d'intervention du praticien, expert, non-expert et égalitaire, doivent être adaptées aux particularités du lombalgique et à son cheminement dans le programme. Travaille-t-on avec un client qui collabore davantage si le praticien se place en position consistant à l'encourager et à lui donner confiance ? C'est ce type de position qu'il convient alors d'adopter. Mais, parmi toutes les positions d'influence possibles, la position one down laisse au praticien les meilleures marges de manoeuvre.

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