L'interprétation des résultats du bilan musculaire dépend du point de vue de
l'analyse. La perspective monadique aboutit à des causalités
« expliquant » la lombalgie. Elle n'est pas entièrement erronée.
Dégénérescences, faiblesses ou manques de souplesse des muscles cibles
accompagnent la lombalgie chronique. Certaines compressions radiculaires
expliquent des pertes de la force motrice. Ces constatations recoupent la
« réalité objet » du bilan médical. La relation de causalité entre
les manques (ou la trop grande flexibilité) observée dans le bilan
musculaire et la lombalgie chronique s'explique plus difficilement. À
l'opposé, la perspective pragmatique fournit au client un espoir sur les
chemins de la guérison. D'abord, en utilisant la mesure de l'évidence. Après
quelques semaines d'entraînement, une comparaison par rapport au niveau de
base initial procurera au patient toutes les raisons de se réjouir de ses
progrès. Quel que soit le muscle cible choisi, la fonction retenue ou le
rationnel évoqué, il n'y échappera pas. Au thérapeute à lier la réduction de
la douleur qui pourrait s'en suivre à ces progrès. Et dans le cas contraire,
tout aussi probable, où la douleur n'en serait pas immédiatement altérée ?
En recadrant cette douleur récalcitrante avec le prix habituel à payer pour
les progrès réalisés dans la poursuite des objectifs inscrits au contrat.
Quant aux muscles cibles ou aux fonctions retenues, le choix des armes vous
appartient. Causalité linéaire traditionnelle : vous expliquerez ses
douleurs à cause de la faiblesse de ses abdominaux, de la réduction de
flexibilité de sa chaîne postérieure ou de la contracture de son pyramidal.
Causalité circulaire : vous proposerez simplement une prescription à
180-degrés par rapport à vos observations fonctionnelles initiales
(tableau 7.1).
Vous prescrirez donc soit la même chose, soit un renforcement ou un
étirement différent. Mais en choisissant la tactique du 180-degrés, vous
vous débarrasserez du fardeau de la preuve associée à la causalité linéaire.
Et vous vous réservez tout simplement le droit de changer votre prescription
si elle n'aboutit pas aux résultats escomptés. Les balises de la
« réalité objet » issues du bilan médical ne font, ici,
qu'encadrer la réalité interactionnelle proposée au patient. Elles ne s'y
substituent pas.
L'évaluation des paramètres physiques reste un moment important pour
déterminer le degré de déconditionnement physique. Le bilan musculaire va
se répéter, en classe, au cours de la troisième et de la onzième rencontre
(modules (7 et
15). Nous avons opté pour des
épreuves simples (sans machine) et faciles à reproduire à domicile par les
lombalgiques. Mais, rien n'empêche d'ajouter des épreuves plus sophistiquées.
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