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Thèmes :
1.  Composantes
2. Bilan médical
3. Bilan fonctionnel
4. Bilan interactionnel
 3. Évaluation clinique

DOSSIER MÉDICAL FICTIF

Expertise médicale

Le présent rapport fait suite à un examen médical que j'ai pratiqué sur la personne de madame X le 25 novembre 1996.

Le but de l'expertise était de déterminer si elle est physiquement apte au travail.

Pour les fins de l'expertise, j'ai pris connaissance des documents suivants :

  • Dossier du centre hospitalier;
  • Rapports médicaux divers.

Revue des faits

Madame X est présentement âgée de 46 ans et elle me dit avoir travaillé comme secrétaire pendant 17 ans, jusqu'à 1987. À l'époque, elle cessa de travailler pour environ 2 ans à cause d'une dépression, et elle reprit du travail en 1989, cette fois comme professeure de langue anglaise. En 1992, elle commença à suivre à l'Université du Québec des cours de pratiques éducatives et épistémologie, mais elle ne put pas terminer la session d'hiver à cause de problèmes au dos qu'elle présenta au début de mai 1993, en fin de session. Elle essaya à nouveau en septembre 1993, mais ne put continuer.

Le questionnaire et l'étude du dossier révèlent effectivement qu'elle avait présenté un blocage lombaire aigu en se penchant au début de mai 1993 et qu'elle avait d'abord consulté un chiropraticien. N'étant pas améliorée, elle se présenta à la clinique d'urgence d'un centre hospitalier où on lui prescrivit un anti-inflammatoire ainsi que des traitements de physiothérapie, mais elle présenta rapidement une réaction gastrique. Elle fut alors vue en consultation par le "médecin 1" qui diagnostiqua une gastrite post-anti-inflammatoire de même qu'un dérangement intervertébral mineur multi-étagé. Elle dut être hospitalisée quelques jours pour traitements de sa gastrite.

Le "médecin 1" la dirigea ensuite à un orthopédiste, qui recommanda une tomodensitométrie axiale lombaire. Cet examen fut fait le 1er septembre 1993 et montra un bombement diffus modéré causant une légère compression sur le sac rachidien à L4-L5 et également un léger bombement diffus qualifié de non significatif à L5-S1. Il avait aussi des changements ostéo-arthritiques affectant surtout les facettes articulaires.

L'orthopédiste aurait ensuite recommandé de faire un myéloscan, mais madame X me dit qu'elle avait peut de se faire injecter dans le dos et qu'elle refusa. Elle me dit qu'à l'époque, en plus d'avoir eu des traitements de physiothérapie, elle avait commencé à être suivie par un chiropraticien et elle avait également été vue au Laboratoire du dos de l'Université du Québec. Elle avait repris ses cours universitaires, mais dut les cesser abruptement le 22 novembre 1993, à cause d'un blocage lombaire aigu. Elle consulta le même "médecin 1" qui diagnostiqua à nouveau une lombalgie aiguë accompagnée d'une composante psychogénique. Il lui prescrivit du Flexéril, de l'Empracet et de l'Ativan puis la référa au "médecin 2", psychiatre, qui diagnostiqua des troubles d'adaptation avec humeur dépressive d'intensité moyenne à sévère. Il décida de l'hospitaliser à cause d'un risque suicidaire, et elle fut donc hospitalisée du 13 au 18 décembre 1993 au centre hospitalier, tant pour son problème dépressif que pour son problème de dos. On lui prescrivit de l'Élavil et on lui proposa de pratiquer des infiltrations de Cortisone pour son dos, mais pour la même raison que pour le myéloscan, elle refusa.

Après sa sortie de l'hôpital, madame X continua à être suivie en psychiatrie et elle continua également à chercher une solution pour son mal de dos, continuant à consulter en psychiatrie et ayant recours à différentes approches alternatives : psychokinésiologie, massothérapie, touchers énergétiques, etc. elle me dit qu'elle dépensa environ 12 000 $ pour tout cela.

Au cours de l'année 1993, elle continua à être suivie par le "médecin 1" et le "médecin 2". En 1995 jusqu'à maintenant, elle a continué à être suivie par le "médecin 1" et ce dernier l'a adressée à nouveau en physiothérapie au centre hospitalier où elle a été traitée à compter du 25 août 1995 jusqu'au 7 mai 1996.

Elle m'informe avoir été examinée récemment en consultation dans un autre centre hospitalier par le "médecin 3", neurochirurgien, et ce dernier a demandé un examen par résonance magnétique, pour lequel elle n'a pas encore obtenu une date de rendez-vous.

Sur le plan administratif, le "médecin 1" lui avait rempli le 22 août 1995 un certificat médical à l'intention du ministère de la Sécurité du revenu, dans lequel il indiquait qu'elle était encore en incapacité temporaire pour 3 mois. Sur un second certificat daté du 8 novembre 1995, il ne donna pas de détails sur son incapacité, mais il écrivit le 11 décembre une attestation à l'effet qu'elle a les limitations fonctionnelles suivantes :

  • ne pas occuper de position assise ou debout prolongée pour plus de 30 minutes;
  • ne pas effectuer de mouvements impliquant une flexion antérieure ou une extension du rachis lombaire de façon répétée;
  • ne pas déplacer d'objets pesant plus de 10 kilos;
  • ne pas travailler en position semi-penchée par en avant.

Le dernier certificat au dossier est daté du 14 février 1996, et le "médecin 1" indique qu'elle souffre de séquelles douloureuses chroniques d'un dérangement intervertébral mineur dorsal et lombaire, dont la gravité est légère, que le problème est passé à l'état chronique et qu'il s'agit d'une atteinte permanente.

Les derniers documents au dossier sont un rapport de radiographies de la colonne lombosacrée faites le 17 septembre 1996 et montrant des signes modérés d'arthrose constituée par des ébauches ostéophytiques bordant les plateaux vertébraux des 2 dernières vertèbres, ainsi qu'une scintigraphie osseuse pancorporelle faite le 3 octobre 1996 et qui est normale.

Le 15 avril 1996, le ministère de la Sécurité du revenu rendit une décision à l'effet que madame X avait été refusée au barème de soutien financier et qu'elle recevrait le barème de non participante à compter du mois de mai. Elle fit appel de cette décision en date du 12 juin, en invoquant la raison suivante : "Ma condition physique ne me permet pas de participer à des mesures d'employabilité ne même de travailler, en raison de mes limitations fonctionnelles."

Antécédents médicaux

Madame X me dit avoir toujours été relativement en bonne santé jusqu'à son blocage lombaire aigu de 1993, à l'exception de sa dépression de 1987, dont elle avait toutefois bien récupéré.

État actuel

Elle continue à être suivie par le "médecin 1" et elle a aussi régulièrement des traitements de "chiropraxie spécifique".

Elle prend la médication suivante :

  • Emtec 30;
  • Flexéril;
  • Restoril;
  • Acétaminophène;
  • Apo-Alpraz.

Elle se plaint d'une douleur lombaire irradiant aux hanches et aux genoux, de façon diffuse. Elle a toujours un fond douloureux qui l'empêche de faire quelque effort que ce soit, de faire des mouvements du tronc comme pour passer l'aspirateur, de rester longtemps dans la même posture ou de fatiguer son dos de quelque façon que ce soit. Elle se couche tous les avant-midi et tous les après-midi pour une courte période, de façon à prévenir les crises aiguës.

En effet, elle me dit avoir des crises aiguës à une fréquence d'environ une fois par mois, et pour une durée de quelques jours à quelques semaines. La crise est généralement déclenchée par une banalité : effort pour évacuer les intestins, effort pour uriner, flexion vers l'avant, étouffement en mangeant une carotte, etc. Lorsqu'elle est en crise, elle ne peut strictement rien faire, ayant le dos complètement bloqué et ayant beaucoup de peine à se déplacer. Elle doit rester couchée au moins 2 ou 3 jours, après quoi la crise a généralement tendance à diminuer.

En plus de la douleur lombaire, elle a souvent une douleur à la région dorsale moyenne.

Elle se dit très nerveuse, "ce qui n'aide pas", mais elle ne croit pas qu'elle soit dépressive de façon importante dans le moment.

Aux questionnaires d'incapacité fonctionnelle d'Oswestry et de Roland, elle donne les réponses suivantes :

  • Ma douleur est modérément soulagée par les analgésiques.
  • Mes soins personnels augmentent ma douleur de sorte que je doit les faire lentement et avec précaution.
  • Je ne peux manipuler que des objets très légers.
  • La douleur m'empêche de marcher plus de _ mille.
  • La douleur m'empêche de m'asseoir plus de _ heure à la fois.
  • Je dois prendre des médicaments pour dormir.
  • Mes activités sexuelles sont nulles.
  • La douleur a réduit mes activités sociales et je sors moins souvent.
  • La douleur réduit les trajets que je peux faire à moins de 30 minutes à la fois (souvent, je dois être douchée à l'arrière de la voiture).
  • Je reste à la maison la plupart du temps à cause de mon dos.
  • Je bouge fréquemment pour essayer de trouver une position confortable pour mon dos.
  • Je marche plus lentement que d'habitude à cause de mon dos.
  • À cause de mon dos, je ne fais aucun des travaux que j'avais l'habitude de faire dans la maison.
  • J'utilise la rampe pour monter les escaliers.
  • Je m'allonge plus souvent pour me reposer.
  • Je dois m'agripper à quelque chose pour me lever de mon fauteuil.
  • Je demande à des gens de faire des choses pour moi.
  • Je m'habille plus lentement que d'habitude à cause de mon dos.
  • Je peux seulement me tenir debout durant de courtes périodes à cause de mon dos.
  • J'essaie de ne pas me pencher ou de ne pas m'agenouiller.
  • Je trouve cela difficile de me lever de ma chaise à cause de mon dos.
  • J'ai presque tout le temps mal au dos.
  • Il m'est difficile de me retourner dans mon lit à cause de mon dos.
  • Je n'ai pas très bon appétit parce que j'ai mal au dos.
  • J'ai de la difficulté à mettre mes bas parce que j'ai mal au dos.
  • Quand je marche, je peux seulement franchir de courtes distances parce que j'ai mal au dos.
  • Je dors moins bien à cause de mon dos.
  • J'évite les gros travaux dans la maison à cause de mon dos.
  • Parce que j'ai mal au dos, je suis plus irritable et de mauvaise humeur que d'habitude.
  • Je monte les escaliers plus lentement.
  • Je reste au lit la plupart du temps à cause de mon dos.

Examen objectif

L'examen de la posture montre des courbures normales dans tous les axes.

La flexion antérieure est limitée à 40º et elle doit s'aider en appuyant les mains sur ses cuisses pour se redresser. Si je tente de pousser plus loin, elle a une défense musculaire, disant qu'elle ne peut pas aller plus loin car elle va bloquer, l'extension est à 0º et les mouvements de flexions latérales et de rotations sont limités à environ 15º, se faisant avec beaucoup de précaution. Je n'ai pas tenté de mobiliser de façon passive les flexions latérales et les rotations, de peur de provoquer une crise douloureuse.

L'examen palpatoire montre une douleur importante à la pression sur L4 et L5 de même qu'à la palpation des muscles paravertébraux aux mêmes niveaux et à la palpation des muscles fessiers bilatéralement. Il y a aussi une douleur à la palpation du ligament surépineux à la région dorsale moyenne de D5 à D8.

Les manoeuvres d'élévation de la jambe tendue, du tripode et d'Ély sont négatives.

Les réflexes sont normaux de même que la sensibilité et la motricité.

Les tentatives pour effectuer un redressement assis à partir du décubitus dorsal, de façon à vérifier la force des abdominaux, provoquent une nette douleur lombaire et il est impossible de compléter le mouvement.

Diagnostic

Syndrome d'instabilité lombaire L4-L5 et L5-S1 chronique par discopathie dégénérative et arthrose apophysaire.

Discussion et recommandations

Le "médecin 1" a indiqué sur ses différents rapports médicaux qu'il s'agissait d'un dérangement intervertébral. Ceci est exact, mais je précise que ce dérangement intervertébral a pour origine un syndrome d'instabilité dû à une discopathie dégénérative très bien démontrée à la tomographie axiale faite au centre hospitalier le 1er septembre 1993. On voyait en effet un bombement diffus des 2 derniers disques lombaires, avec même une légère compression sur le sac rachidien à l4-L5.

Il s'agit là d'une condition qui peut être très incapacitante et qui l'est en fait chez madame X. Non seulement cette condition entraîne-t-elle des douleurs chroniques, mais elle empêche toute planification d'activités de travail, à cause des crises aiguës qui surviennent très fréquemment et qui empêchent la personne qui en est atteinte d'exercer de façon assidue tout travail rémunérateur, quel qu'il soit.

En conséquence, compte tenu de la pathologie dont souffre madame X, de l'évolution jusqu'à maintenant et de l'examen clinique, je suis d'avis qu'elle est présentement inapte à tout travail rémunérateur cédulé que ce soit. On pourrait tout au plus envisager un travail sédentaire autonome dont elle pourrait contrôler elle-même le rythme et l'horaire, sans obligation d'une productivité précise.

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