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Introduction
Sommaire
Objectifs
Feuille de route
Matériel d'intervention
FAQ
Bibliographie
1.  Bases neurophysiologiques
2.  Modèle
3.  Mesure
3.1  Sensibilité de la mesure
3.2  Mémoire de la douleur
3.3  Modulation temporelle
3.4  Mesure des composantes
 2. Phénomène de la douleur

MESURE DES COMPOSANTES DE LA DOULEUR

La mesure du phénomène de la douleur comporte principalement deux composantes : sensori-discriminative (intensité) et motivo-affective (aspect désagréable). Pour mieux visualiser ces deux aspects, pensons aux maux de dos associés ou non à une pathologie grave. Les douleurs lombaires liées à un cancer de la moelle osseuse paraissent beaucoup plus pénibles que celles provoquées par des spasmes musculaires localisés ou même des compressions mécaniques des racines nerveuses. Bien que la douleur proprement dite puisse être d'intensité semblable, l'une est pourtant définitivement plus désagréable que l'autre. Ici, la gravité de la maladie détermine le niveau de douleur ressentie. La chirurgie offre un exemple plus convaincant encore des composantes distinctes de la douleur. La lobotomie chez des patients atteints d'un cancer en phase terminale cherche à les soulager de leurs douleurs chroniques. Elle consiste à pratiquer l'ablation du cortex frontal, siège de la pensée rationnelle et des émotions. Après la chirurgie, les patients rapportent que la douleur est certes toujours aussi intense, mais qu'elle ne les dérange plus (13) ! Même intimement liées, les deux composantes de la douleur varient donc indépendamment l'une de l'autre (304). Elles varient aussi dans le même journée (figure 2.11). Parfois, l'intensité est plus forte, d'autres fois, c'est plutôt l'aspect désagréable qui domine. Comme nous l'avons démontré, pour obtenir une mesure très fidèle et fiable, il suffit de faire la moyenne des évaluations de la douleur lombalgique effectuées à domicile toutes les deux heures sur une période de trois jours, consécutifs ou non (241). De plus, certains traitements affectent davantage l'une ou l'autre de ces deux composantes (126,183, 308). En conséquence, il est important de les mesurer indépendamment (figure 2.12). Les deux échelles visuelles analogiques (figure 2.10) que nous utilisons pour évaluer séparément ces deux composantes ont fait l'objet de validation pour mesurer la douleur chronique et expérimentale (307).


Figure 2.12 Comparaisons de différentes douleurs
Dans cette recherche, nous avons demandé à des personnes d'imaginer différentes expériences douloureuses. À l'aide d'une échelle visuelle analogique avec descripteurs verbaux et numériques, les répondants cotent, et l'intensité de la douleur (en noir), et l'aspect désagréable (en blanc) de ces expériences douloureuses. Pour les douleurs de l'accouchement, l'intensité dépasse nettement l'aspect désagréable. Dans le cas de la gifle, l'aspect désagréable l'emporte sur la douleur physique. Pour le doigt écrasé, les deux composantes sont à peu près semblables.
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