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Matériel d'intervention
FAQ
Bibliographie
1.3.1  Impossibilité de ne pas communiquer
1.3.2  Contenu et relation
1.3.3  Symétrique ou complémentaire
1.3.4  Verbale et non verbale
 1. Effet Palo Alto

3.3 SYMÉTRIQUE OU COMPLÉMENTAIRE

Nos communications s'effectuent selon deux modèles de relation : symétrique ou complémentaire. Pour les définir, attachons-nous à la manière dont se comportent deux partenaires, abstraction faite des raisons qu'ils ont, ou qu'ils croient avoir, de se conduire ainsi. Ce n'est pas tant ce que dit un individu qui détermine la symétrie ou la complémentarité de l'interaction, mais le rapport entre l'énoncé de l'un et la réponse de l'autre. Autrement dit, l'interaction symétrique et l'interaction complémentaire décrivent non pas des qualités « mentales », statiques et monadiques des participants, mais deux modèles fondamentaux de relation qui fluctuent au gré des échanges. Dans le premier modèle, l'interaction est dite symétrique parce que l'accent porte sur les efforts pour établir et maintenir l'égalité. Les partenaires minimisent leur différence en adoptant un comportement en miroir : si A prétend donner, B prétend donner à son tour ; si A veut recevoir, B veut recevoir à son tour ; si A offre son affection, B en retour offre la même chose, et ainsi de suite. Il s'agit donc de relations égalitaires, comme dans le cas d'un couple amoureux, de deux amis ou de deux experts échangeant sur un sujet commun. À l'École interactionnelle, la pause de quinze minutes lors de chacune des rencontres en groupe fait partie intégrante du traitement. Elle offre au praticien l'opportunité d'établir une relation symétrique (égalitaire) avec les lombalgiques.

Le second modèle de relation se fonde sur l'acceptation de la différence. Dans une interaction complémentaire, le comportement de l'un complète celui de l'autre pour former un tout. Ici, le comportement du praticien présuppose celui du lombalgique tout en lui fournissant en même temps sa raison d'être. Tout comme on ne peut applaudir d'une seule main, pas de praticien pour dispenser des soins sans lombalgique qui se laisse soigner, pas de thérapeute sans client, ou encore, pas de leader charismatique sans fidèles. Dans l'interaction complémentaire, l'un des partenaires occupe la position d'expert ou one up, et l'autre, la position de non-expert ou one down. Ces termes possèdent un sens précis. Expert et one up se rapportent au partenaire qui définit la relation en se plaçant en position d'autorité. L'autre, celui qui accepte cette définition et s'y conforme, se trouve en position one down. Ces définitions n'ont rien à voir avec la force ou la faiblesse des individus eux-mêmes. Certains lombalgiques réagissent mieux que d'autres à une position d'autorité ou d'expert ; dans ce cas, une position one up est utile. L'expérience clinique nous enseigne cependant que, durant une interaction de longue durée, la collaboration du lombalgique s'atténue d'habitude si le praticien se place, dès le début ou constamment, dans cette position de supériorité ou de pouvoir. Cette attitude intimide d'ordinaire le lombalgique. Déjà embarrassé par son problème, il répugne souvent à révéler des informations supplémentaires qui, à ses yeux, le diminuent plus encore. En conséquence, pour obtenir la collaboration pleine et entière du lombalgique, le praticien occupe le plus souvent possible une position one down. Non pas que la position de non-expert possède en «  elle-même un pouvoir particulier, mais simplement parce qu'elle est le moyen le plus sûr d'éviter la position de supériorité et de neutraliser la tendance qu'a le patient à mettre le praticien dans une telle position » (104, p. 59). L'importance stratégique du concept one up et one down à l'École interactionnelle se reflète dans l'usage, à chacune des rencontres en groupe, d'une tactique thérapeutique découlant de ce concept. Une tactique (expert non-expert) décrite plus loin dans le présent chapitre.

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