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Bibliographie
1.  Bases neurophysiologiques
1.1  Transduction et transmission
1.2  Modulation
1.3  Perception
2.  Modèle
3.  Mesure
 2. Phénomène de la douleur

PERCEPTION

L'interprétation personnelle du stimulus nociceptif à partir d'une situation émotionnelle et des expériences passées relève de la perception. Le même stimulus provoque, d'un individu à l'autre, des douleurs très différentes. À cause de la complexité des mécanismes supra spinaux mis en jeu, les connaissances actuelles n'offrent qu'une explication partielle du phénomène de la douleur. Mais, il est déjà reconnu que des facteurs d'ordre psychologique comme la culture, la connaissance des conséquences de la blessure ou de la maladie, les émotions et la mémoire modulent la nociception (128,164). L'effet placebo fournit sans contredit l'exemple le plus convaincant du rôle déterminant de la perception dans la douleur. La médecine et la psychologie soupçonnent depuis longtemps que des traitements théoriquement sans effet produisent des changements drastiques, vraisemblablement dus aux attentes du patient. Une récente revue de la littérature des trente dernières années confirme l'importance de l'effet placebo dans la douleur chronique (372). Les traitements placebos produisent une amélioration substantielle dans le cas d'une multitude de symptômes ou de conditions, incluant les chirurgies de la colonne vertébrale. Une seule condition : que le praticien et le patient croient en l'efficacité du traitement. La modulation de la douleur s'avère particulièrement sensible à l'administration d'analgésiques placebo. Leurs effets, au plan neurophysiologique, font maintenant l'objet de recherches systématiques (102). En fait, Lipman et ses collègues publient en 1990 la première recherche concluante montrant que l'analgésie placebo résulte de l'activation d'un système inhibiteur endorphinergique (227). L'étude se déroule de la façon suivante. Au cours d'une ponction lombaire (L4-L5) de routine, les chercheurs mesurent, avant et après une injection d'eau saline (placebo), le niveau d'endorphine chez deux groupes de lombalgiques chroniques et un groupe contrôle (sans lombalgie). Pour induire l'effet placebo, le patient est informé du fait que la procédure entraîne une diminution de la douleur. Le patient réagit au placebo s'il rapporte une réduction de 50 % ou plus de l'intensité subjective de sa douleur (évaluée à l'aide d'une échelle verbale de 0-10). Les résultats sont saisissants. Premièrement, le niveau initial d'endorphine des lombalgiques chroniques est inférieur (de l'ordre de 50 %) à celui des sujets de contrôle (sans lombalgie). Deuxièmement, chez les lombalgiques qui ne réagissent pas au placebo, le niveau d'endorphines ne varie pas au cours de la procédure. Par contre, les lombalgiques qui répondent au placebo présentent une augmentation significative du niveau d'endorphine 2 à 3 fois plus importante qu'avant la ponction lombaire. De tels résultats confirment l'importance de l'effet placebo dans nos traitements. Il faut en tenir compte. La réduction de la douleur due au placebo ne signifie pas que le patient simule sa lombalgie. Elle prouve seulement que la croyance en l'efficacité d'un traitement augmente le pouvoir thérapeutique de cette intervention. Durant l'École interactionnelle, à la rencontre portant sur les traitements (chapitre 13), nous présentons aux lombalgiques des résultats démontrant que tout traitement (y inclus le notre) comporte sa part d'effet placebo. Nous leur proposons par la suite de « récupérer » cet effet placebo en le considérant comme une simple forme d'efficience personnelle dont il faut tirer parti à chaque occasion.

Une constatation s'impose. Le phénomène de la douleur juxtapose plusieurs paramètres différents. De la périphérie aux centres nerveux supérieurs, l'information nociceptive chemine par quatre étapes principales : transduction sensorielle, transmission, modulation et perception. L'action des systèmes de modulation à tous les niveaux du système nerveux empêche d'établir un lien direct entre l'activation d'un nocicepteur et la douleur ressentie. Les connaissances actuelles en neurophysiologie soutiennent l'idée que des traitements non pharmacologiques (TENS, stimulation des zones gâchettes, relaxation, techniques mentales de visualisation) sont efficaces à court terme pour soulager la douleur chronique et aiguë. En réduisant rapidement sa douleur, le patient reprend confiance dans sa capacité de s'autotraiter (220). Une raison supplémentaire pour s'impliquer plus à fond dans les autres activités prévues au programme de l'École interactionnelle.

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