Lavignolle, Chenard, Charest, Marchand
Lors de l'évaluation clinique, les premiers contacts individuels auprès du
lombalgique chronique déterminent en partie l'efficacité du traitement à
venir. À travers cette relation, le clinicien affecte, volontairement ou à
son insu, les attentes du patient concernant le soulagement de sa douleur
lombaire. Il contribue ainsi à son implication active dans les douze étapes
de l'École du dos. En effet, du point de vue de l'interaction, les attentes
et la motivation ne constituent pas des caractéristiques statiques propres
au lombalgique. En fait, qu'il le veuille ou non, le praticien les façonne
par ses comportements verbaux et non verbaux. Cette inévitable influence
s'amorce dès l'évaluation clinique. Tous les gestes et paroles du praticien
ont valeur de message aux yeux du lombalgique
(encadré 1.1).
Afin de l'aider à retrouver la santé, le clinicien devra s'assurer que son
influence augmente la motivation du patient et crée, s'il y a lieu, des
attentes réalistes. Le praticien doit aussi se méfier de la tendance à
considérer le lombalgique chronique comme un simulateur (401).
Un préjugé tenace en dépit des multiples études qui montrent que le
lombalgique chronique bénéficiant d'une compensation financière n'amplifie
pas ses douleurs (119,263,268,269,
324). Mais, avant tout, l'erreur à ne pas commettre
consiste à perdre de vue le fait que le lombalgique demeure l'unique expert
de sa propre douleur, quelles que soient les majorations psychogènes qui
puissent apparaître lors cette évaluation. Par conséquent, sa collaboration
reste essentielle. Elle assure le recueil d'une information stratégique qui
l'amènera ou pas à coopérer avec les intervenants. Plus spécifiquement,
l'évaluation clinique vise à établir trois bilans : médical, fonctionnel
et interactionnel.
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