Les aspirines musculaires

Les aspirines musculaires

Un leurre efficace contre les douleurs

La contracture musculaire accompagne le lombalgique comme un poisson-pilote escortant son protecteur.

La lombalgie entretient la contracture  en retour, celle-ci lui signale l'écueil des mouvements dangereux. Dans le cas d'un pilote unique, la symbiose est parfaite. Ajoutez maintenant un capitaine et ces ménages à trois tournent rapidement à la confrontation. Difficile de garder un cap devant des ordres contradictoires de mission.

Quelques leurres simples permettent de se libérer des accompagnateurs devenus trop encombrants. Le plus connu : l'aspirine musculaire.

Comme son homologue pharmaceutique, elle se présente, avec des dosages différents, sous des emballages variés.

Le matelas de billes

La quantité la plus faible ? Vous la trouverez sous la forme d'une natte de boules. À Paris, à Hong-Kong ou à Montréal, le remède favori des chauffeurs de taxis.

Ces conducteurs ne jurent que par le matelas de billes dont ils tapissent le fauteuil de leurs véhicules. Ce couvre-siège les débarrasserait des contractures parasites. Un leurre beaucoup plus efficace avec les vieilles guimbardes qu'avec les véhicules de luxe : vibrations et mauvaise conception de la banquette obligent !

Une raison insuffisante pour vous débarrasser sur le champ de votre Mercédès. Équipez-la plutôt d'un couvre-siège masseur à microbilles. Branché dans l'allume-cigare, il vibre. Les sensations d'un vieux « citron » combinées au prestige d'un véhicule de luxe : la classe !

Au dos, et à défaut d'autre chose, ces billes évitent une sudation excessive. S'en plaignent uniquement les propriétaires de Mercédès. Leur équipement standard comprend déjà la climatisation...

Les lanières « chinoises »

Faible dosage aussi dans les lanières « chinoises » à boules de bois vendues parfois sous le nom de commercial de « Feeling » ou de « Pouchi-Pouli ».

Vous les utilisez debout, les poignets dans chaque main, en exerçant un mouvement d'avant en arrière sur la partie lombaire douloureuse.

Une agréable stimulation  une sensation bienfaisante  un relâchement localisé, la variable exotique du bon vieux gant de crin de vos grands-mères !

Le « Buggy » ou le « Roller »

Avec le « Buggy » ou le « Roller », hybride dérivé du rouleau à pâtisserie et de la quille à jouer, vous passez aux dosages intermédiaires.

Ces deux boules de bois assemblées par une partie évidée, vous les ferez voyager lentement de part et d'autre de votre colonne, le long des gouttières vertébrales, de la base du cou à la partie lombaire basse.

Le pétrissage musculaire s'oppose à la contracture douloureuse. Cette stimulation recrute aussi quelques zones-gâchettes. Elles sollicitent le mécanisme du « portillon ». Un moyen éprouvé pour bloquer quelques parasites musculaires indésirables.

La myothérapie

 

 

 

 

Aspirines
musculaires

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Pour les fortes doses, utilisez la myothérapie. Cette technique consiste à recruter systématiquement les zones-gâchettes présentes dans les muscles du dos.

Comment les identifier ?

Par leurs réponses à la compression mécanique. Il ne s'agit pas d'une simple sensation de pression mais d'une impression véritable de brûlure déclenchée par la pression. Quelques exemples classiques de ces zones ? Dans le coin supérieur de l'orbite droite et gauche, près de la racine du nez... À mi-chemin entre l'épaule et la base du cou  dans la fesse, au milieu, au niveau de la poche arrière d'un pantalon.

Comment exercer cette pression ?

Tout dépend de la localisation de la zone-gâchette à recruter.

Au coin de l'oeil, une pression minime avec le bout de l'index suffit.

Sur l'épaule, une compression entre le pouce et l'index la mobilise facilement. Une zone facile à identifier.

Sur la fesse, la pression à exercer doit être beaucoup plus importante.

Dans le dos, la plupart des zones peuvent être atteintes à l'aide d'une boule dure de la taille d'une balle de golf pour les zones superficielles de la partie dorsale haute et pour les zones plus profondes de la fesse et du bas du dos par une balle de la grosseur d'une belle orange.

Un manche de balai, placé à partir de la base du cou, le long des muscles de la colonne et sur lequel vous vous allongez et basculez permet un recrutement global.

Bénéficiez-vous de la complicité d'un membre de votre entourage ? Ses doigts permettent une exploration systématique des zones douloureuses. Avec ce complice, vous gagnerez en efficacité ce que vous perdrez en efficience personnelle.

Dans les deux cas, maintenez sur la zone-gâchette une pression douloureuse d'une quinzaine de secondes. Une pression douloureuse mais encore supportable ! Prenez, par la même occasion, de profondes inspirations et apprenez à souffler doucement en vous concentrant sur la respiration. Une bonne préparation mentale n'est pas à négliger ! Plus la partie à traiter est contracturée, plus vous identifierez de zone-gâchettes dans le muscle et plus ces zones seront douloureuses. Traitez-les toutes  sans hâte, les unes après les autres. Insistez sur les plus récalcitrantes, les plus douloureuses (voir travail personnel). Pour actionner le mécanisme du portillon, des trains importants de stimulations sont nécessaires . Quinze à vingt minutes de stimulations électriques avec un « TENS », vingt à trente minutes de stimulations mécaniques avec une balle ou les doigts d'un partenaire.

Après ? Une anesthésie passagère. Profitez-en pour étirer maintenant les groupes de muscles soumis à l'analgésie. Étirez-les lentement, les yeux fermés, en imaginant bien le mouvement à faire. Les mécanismes intimes qui régissent le fonctionnement musculaire sont complexes. En manoeuvrant ainsi, vous parviendrez peut être à reprendre la barre et à éviter ainsi le ménage à trois. Le capitaine, après tout, c'est vous !

Placebo, traitements et auto traitements : l'heure du choix

Sur les chemins de la guérison, les miracles existent. Vos chances de les rencontrer sont aussi grandes que celles d'être frappé par la foudre ou de toucher le gros lot à la loterie.

Le périple habituel se compose plutôt de petites retraites et de modestes victoires. Préparation physique, préparation mentale, travail postural, cartes de la douleur, ces étapes visent à rétablir la confiance dans vos talents de gestionnaire de la souffrance.

Restez fidèle à cette démarche visant à l'efficience personnelle, en choisissant judicieusement vos médicaments, vos placebos, vos traitements.

Méfiance envers ces interventions qui entraînent une dépendance : dépendance chimique avec des médicaments ou dépendance thérapeutique avec des intervenants.

Efficience et dépendance s'excluent mutuellement comme l'eau et le feu. Considérez attentivement les interventions augmentant vos connaissances et vos habiletés personnelles. Le reste c'est aussi une question de goût. Faites un choix de consommateur averti.

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