Le circuit touristique

Les manipulations ne guérissent pas les souffrances ; mais, à court terme, elles soulagent certaines douleurs dorsales.

Le chiropracticien

Le chiropracticien joue le placebo. Si des croyances, irrationnelles peut-être, le portent à « aligner les dos », il vend, avec sa technique, un produit de consommation. Le « chiro » ne soigne pas uniquement les os. Aux acheteurs intéressés, il offre un mode d'emploi. Il ne correspond en rien au modèle véhiculé par l'orthodoxie médicale. Certains y croient, d'autres pas, peu importe.

Les manipulations ne guérissent pas les souffrances ; mais, à court terme, elles soulagent certaines douleurs dorsales.

Croyances ou foi ? Cartes musculaires ou facettaires ? Allez donc le vérifier ! Comment effectuer une manipulation qui n'en soit pas une ?

Personne ne connait encore contre placebo, l'effet réel de ces traitements. La médecine moderne refuse les théories du chiropraticien.

Elle copie et récupère souvent ses techniques.

Ainsi produite, l'analgésie offre un répit, souvent temporaire, parfois définitif au lombalgique.

L'acupuncteur

L'acupuncteur joue le placebo. Il travaille à partir de méridiens et de lignes de force, d'étranges localisations et de circuits bizarres. Aucun rapport avec la science officielle en Occident.

Ses croyances remontent à des temps anciens. Elles viennent d'ailleurs. Là-bas, des érudits chinois, avec la patience et la minutie des meilleurs scientifiques notaient la relation des énergies. Yin ou Yan patrouillaient alors les lignes du corps. Du moins le croyaient-ils. Vieux mythes et concepts désuets ? Peut-être.

Prétendent-ils, aujourd'hui encore, en parsemant du haut en bas, de ci, de là, leurs petites aiguilles au long de ces mêmes méridiens, soigner ainsi les maux de dos ? Sûr ! Ils rapportent même un taux de succès identique à celui des autres professionnels.

Les plus modernes relient parfois leurs aiguilles à de petits stimulateurs électriques. D'une épingle, deux coups. D'une part, ils profiteraient de la libération d'un narcotique interne, une sorte de morphine intime fabriquée par le cerveau et connue sous le nom d'endorphine. D'autre part, ils bénéficieraient ainsi d'une analgésie par hyperstimulation : l'afflux des sensations à partir des zones stimulées électriquement fermerait, à la base du cerveau, la porte aux informations habituellement douloureuses.

Ainsi produite, l'analgésie offre un répit, souvent temporaire, parfois définitif au lombalgique.

Ni mieux, ni pire en fait que bien d'autres formes de traitements.

 

Physio et kiné misent aussi sur le placebo. Comme tout le monde, mais plus discrètement !

Et le physiothérapeute, le kinésithérapeute?

Ils misent aussi sur le placebo. Comme tout le monde, mais plus discrètement !

Et ils le jouent dans les ligues majeures avec des équipes reconnues. Dans la partie de ping-pong qui consiste souvent à renvoyer le lombalgique d'un intervenant à l'autre, ils occupent l'arrière-terrain. Plus souvent qu'à leur tour, ils récupèrent les passes difficiles. Ils portent aussi les rafraîchissements.

À la base de la pyramide médicale, ils ont fait voeux d'obéissance. Promis, juré, ils respecteront les prescriptions du bon docteur. Voeux de chasteté aussi : ils ne toucheront pas aux placebos. Les parjures !

Quelques orthopédistes leur donnent des directives thérapeutiques précises. Mais la plupart des généralistes ne savent que faire d'un chronique du dos. En attendant patiemment d'ajouter à leur panoplie la pilule « Mac Dos », ils se contentent pour l'instant de fixer la durée de la partie : trois semaines, en « physio » ou en « kiné » ! Et ils ajoutent en aparté cette recommandation :

« surtout pas de solo comme le chiro en jouant trop le placebo ».

Mais fini le tourisme, place maintenant aux bolides de la « Formule Un ».

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