La médecine spécialisée

Placebo contre placebo, la piqûre vaut toujours mieux que la pilule.

 

La « Formule Un »

Mains pour manipuler, pour étirer, masser, tordre, stimuler ou mobiliser : en avez-vous soupé de ces plats tout préparés ? Optez alors pour la grande cuisine.

Dans les mains de quelques médecins spécialisés, offrez-vous le luxe de petits plats personnalisés : quelques piqûres sucrées, salées, à la sauce piquante ou aigre-douce.

Placebo contre placebo, la piqûre vaut toujours mieux que la pilule.

 

Au sucre (solution glucosée)
Au sucre ? Le plat du jour. Rebaptisé au menu « solution glucosée ». Le sucre, prétendent-ils, contient de l'énergie. Et cette énergie sert à retendre les ligaments protègeant vos articulations, vos facettes articulaires. Car, c'est bien connu, un dos « retendu », c'est bien moins douloureux qu'un dos détendu. Si vous y croyez, pourquoi pas !

 

Au sel (solution hypertonique)

 

Au sel ? A la carte. Sous le nom de « solution hypertonique », le sel régénère les fibres musculaires fatiguées. Et un dos régénéré, c'est bien moins douloureux qu'un dos « dégénéré ». Soutiendriez-vous le contraire ?

 

Sauce piquante (solution à base de phénol ou d'acide carbolique)
En sauce piquante peut-être ? C'est la suggestion du chef. À base de phénol ou d'acide carbolique. Ce produit, dérivé de l'alcool, détendrait les fibres musculaires. Un dos détendu, c'est bien moins douloureux qu'un dos « retendu ». Le contraire de la recette précédente ? Et pourquoi pas : ils y croient, vous aussi !
Aigre-doux (novocaïne, xylocaïne, mépivacaïne)

 

  

Aigre doux ? Une nouvelle spécialité. Une spécialité exotique ! Novocaïne*, xylocaïne* ou mépivacaïne* possèderaient cette saveur délicate des sauces orientales. L'affirment du moins ceux qui prétendent y avoir goûté. Où ? Chez le dentiste, il s'en sert pour l'anesthésie de vos gencives. Pourquoi pas votre dos ? Certains médecins y ont pensé ! Ils en on fait une marque de commerce. Ni mieux ni plus mal que bien des traitements du « chiro » ou du « physio », de l'acupuncteur ou du masseur. La preuve ? Injectez, en double aveugle, à des lombalgiques l'un des deux ingrédients suivants. Aux uns, comme placebo, de l'eau distillée. Aux autres, de la mépivacaïne, une substance active. Contrôlez le taux de satisfaction des consommateurs. L'eau distillée donne un résultat identique, (de fait légèrement supérieur !) à l'analgésique reconnu.

Un pauvre placebo aussi efficace qu'une vraie injection ? Dans le cas des lombalgies ; des lombalgies chroniques, pas lors d'une visite chez le dentiste ! !

À part l'eau gazeuse et quelques substances létales, en cherchant bien, vous trouverez toujours une injection et quelqu'un prêt à l'injecter. Prêt aussi à vous confier, en guise de dessert, les secrets de sa nouvelle théorie. Excellente théorie. Elle explique parfaitement le prix de l'addition. Pas les résultats.

La littérature scientifique non plus d'ailleurs. Elle ne contient aucune évidence reconnaissant une quelconque efficacité à ces injections. À court terme, un taux de satisfaction identique à celui d'un bon placebo. À long terme? inutiles.

Un pauvre placebo aussi efficace qu'une vraie injection ? Dans le cas des lombalgies ; des lombalgies chroniques, pas lors d'une visite chez le dentiste ! !

Quant au sucre et aux autres condiments, réservez-les donc à votre table, pas à votre dos !

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