Les participants
Chantal Provencher, Carole Laliberté, Yves Bouchard, Paule Ouimet,
Isabelle Forget, Michelyne Dorion, Gisele Bettey, Joyce Dickey,
Christine Pouliot.
La question
Quelles suggestions proposeriez-vous pour rendre "therapeutically correct" les prises de positions suivantes:
La synthèse
Introduction
Comme intervenante, je n'ai pas à prendre position, je suis là pour informer et guider mon patient ainsi lui offrir le meilleur traitement possible. Je ne suis pas d'accord pour dénigrer d'autres professionnels ainsi que leurs traiments à moins d'avoir une preuve scientifique et que je peux lui démontrer que cela peut être dangereux pour sa santé. A l'école du dos on demande aux patients de se prendre en charge pour s'autotraiter, je crois que par le fait même il est en mesure de décider ce qu'il est bon pour lui où pas. Je suis là pour lui offrir un service qui va l'aider au niveau de sa lombalgie chronique mais c'est à lui de décider de participer à ce traitement où pas.
Une carrière commerciale pour le "sergiotron" (un TENS placebo...)
En ce qui a trait au "Sergitron", nous devons expliquer au client en quoi consiste l'effet placebo et quelles peuvent être ses répercussions. De cette manière, le client pourra se servir de cet effet, non négligeable en ce qui a trait à la réduction de la perception de la douleur.
Pour le Sergiotron, ben... pourquoi pas!
Le "Sergiotron" fait partie des traitements placebo (T.E.N.S. sans pile) et il semble que dans la lombalgie chronique, à court terme, il réduit la perception de la douleur de 20 à 40%; c'est pas à négliger...
Je n'irais pas jusqu'à mettre sur le marché un "Sergiotron", mais je crois qu'il faut expliquer aux gens l'effet placebo. Cela leur permet de comprendre pourquoi même les traitements les plus farfelus ont des adeptes. Si un traitement n'est pas dangereux et qu'il améliore la condition d'une personne, pourquoi l'empêcher d'en bénéficier?
Monsieur Atlas/Axis
Je crois qu'il est important d'aider les gens à avoir un esprit plus critique face à la chiro spécifique parce que ça coûte cher pour pas grand chose! Mais je crois qu'on pourrait blesser des gens en dénigrant trop directement une approche. Il faut savoir être subtil!
La chiro spécifique, j'aurais beaucoup de difficultés à en dire du bien, mais je ne la dénigrerais pas pour autant. Même si je ne suis pas vraiment en accord avec leur façon de se faire connaître (en espérant que cela ne réflète en rien leur méthode thérapeutique...), j'adopterais une attitude neutre face au participant qui me demanderait mon opinion. Face à cette pratique, j'inviterais plutôt le participant à la prudence. Y-a-t-il preuve scientifique? Peut-on y accéder? Le praticien devrait vous en fournir sans problème...
Pour le clinicien qui travaille à Atlas et Axis (sans vouloir donner de nom...), je ne crois pas qu'il faille crier à la fraude ni s'empêcher toutefois de réagir. J'aurais plutôt tendance à fournir mon opinion comme professionnelle de la santé par rapport au fait qu'on ne peut réduire à 2 vertèbres tous les problèmes qu'on retrouve par rapport au corps humain ni d'ailleurs les soigner à partir de cette zone. Croire en cette possibilité me semble alors aussi absurde que penser pouvoir régler un problème de digestion (foie) par la réflexologie (les pieds) ou en massant le pavillon de l'oreille. Cette discussion se fait à partir d'explications anatomiques, neurologique et physiologiques de base. Cependant, le client demeurera toujours le seul juge et le seul critique par rapport aux traitements proposés.
L'inefficacité de la manipulation dans le traitement de la lombalgie chronique
Je suis physio et je n'ai jamais pris partie pour ou contre les chiro. Je crois que chaque approche de traitements a sa place. Pour certains clients, mes limites professionnels font en sorte que je ne peux répondre à l'objectif du client:ne plus avoir de douleur. Alors si il croit qu'avec quelques traitements de chiro son mal s'en ira, je lui recommande de l'essayer. Après tout parfois ça marche....
Peut-être que ces manipulations finissent par délester une racine nerveuse bien mal prise...qui ne tardera pas à se reprendre!
Pour ce qui est de la chiro., je crois que le client doit connaître les limites de cette approche dans le cas de la lombalgie chronique. Toutefois, il est contre mes valeurs de dénigrer une autre profession alors que je maîtrise bien mal ses concepts et ses idéologies.
Même si les manipulations n'ont pas de support scientifique démontré, elles ont un effet positif. Nous utilisons en physio surtout des mobilisations et parfois des manipulations. Cela permet d'améliorer la mobilité articulaire de façon très spécifique. De là à dire que ça règle la lombalgie chronique, j'en doute. Je me vois donc devant le client exposant la panoplie de services qu'il peut rencontrer, donnant des commentaires les plus objectifs possibles et lui laissant prendre la décision finale.
À "celui-là", je dirais d'abord que je le trouve un peu "drastique" dans ses allégations. Je pense que toute affirmation peut se faire si elle est appuyée sur une base théorique solide. On peut argumenter ou fournir notre opinion à un client qui nous rapporte des faits ou des renseignements reçus de son chiro toujours en fonction de nos connaissances personnelles. Cependant, je crois que pour critiquer les fondements paratiques de la chiropratie, il nous faudrait plus de connaissances par rapport à cette discipline et à l'enseignement reçu. Il serait intéressant de faire une rencontre de discussion des professionnels incluant des chiropraticiens sur le traitement des maux de dos.
Les ultra-sons dans le traitement de la lombalgie chronique
Concernant les ultrasons, je n'ai aucune difficulté à dire qu'ils ne sont d'aucune utilité dans la lombalgie chronique puisque le contraire n'a jamais été prouvé. Il y a toutefois une façon de le dire...
Tout est dans la façon de s'en servir!! Pour réduire douleur/inflammations, je ne crois pas qu'ils soient utiles étant donné que l'on ne parle plus de douleur aigüe. Pour réchauffer afin de maximiser l'étirement musculaire/ligamentaire, je pense qu'ils sont utiles car ils réchauffent en profondeur contrairement au "hot-pack"qui agit au niveau de la peau. A moins qu'un article scientifique démontre le contraire. J'aimerais le lire si il en existe.
Pour ma part, je ne peux que demander à celui-ci sur quoi il se base pour affirmer l'inefficacité des ultrasons. Par contre, cette affirmation a fait "sursauter" ma collègue de travail avec qui je coanime les groupes clients. Elle n'a d'ailleurs pas voulu à l'époque fournir cette information aux clients. Je serais bien intéressée par sa vision par rapport à cette modalité thérapeutique.
Les injections...
Je pense qu'une telle suggestion nous ferait perdre de la crédibilité aux yeux des lombalgiques. Vaut mieux ne pas en parler!
Piqûres contre brûlures, vaut mieux y aller avec le doigt ou la balle, puisque salée, sucrée ou xylocaïnée rien n'a été prouvée.
Après presque 8 ans de pratique clinique, je n'ai jamais rencontré 1 seul client ayant eu suite à une injection un effet bénéfique à long terme. Le malheur, c'est que les médecins en général prescrivent soit de la médication, soit une série d'injections ou même (comble de malheur) les 2. Après 6 mois, suite à de multiples tentatives infructueuses, il décidera "in extremis" de l'envoyer en ergothérapie pour un entrainement à l'effort "miraculeux" (bien sûr après avoir tenté la chiropratie ou la physiothérapie entre-temps). Et le client nous arrivera plus maganné que jamais mais plein d'espoir...
Les injections peuvent la soulager au niveau de sa douleur aigue mais pas au niveau de la douleur chronique!
Concernant les injections et leurs effets sur la lombalgie chronique je suis d'avis qu'ils n'en n'ont aucun mais qu'ils peuvent soulager la douleur quelques temps pour les chanceux chez qui les injections ont un effet.
Homéopathie
L'homéopathie! Quel sujet passionnant! Au moins, il n'y a pas d'effet secondaire à se "bourrer" de granules. Mais quand mon pharmacien me propose des pastilles homéopathiques pour un mal de gorge terrible, je lui fais moins confiance.
L'homéopathie et tout l'apanage des médecines naturelles devient une approche de plus en plus populaire. Aucune conséquence grave à une telle approche, outre la perte probable d'argent ne peut être mise en évidence.
Médications ou bracelets de cuivre:
...
Synthèse
Je crois que la seule façon de moduler la douleur chronique c'est que le lombalgique se prenne en charge et s'approprit des moyens avec lesquels il se sent confortable. Venter une solution réelle pour la lombalgie chronique est difficile du point de vue marketing puisque cela demande beaucoup de temps et d'investissement de la part du participant. Il se doit d'être actif dans cette guérison. Quiconque vente les mérites d'une technique qui guérit la douleur à peu de frais et/ou en peu de temps est un charlatan. Je me sens très confortable à défendre ce point de vu et à être "not therapeutically correct". Que ce soit l'homéopathie, les ultra-sons en physio, les manipulations d'un chiro, les médicaments ou les injections, toutes ses méthodes ne constituent pas une solution réelle à un problème de lombalgie chronique. Nous devons expliquer au lombalgique la cause de sa douleur (patron de douleur) et les mécanismes de modulation de la douleur. Le lombalgique écartera de lui-même les traitements farfelus. Nous n'avons pas à les convaincre que ces traitements sont ridicules; l'Ecole interactionnelle, ce n'est pas une religion!
En réalité existe-t-il des solutions miracles qui pourraient soulager tout les maux en passant des lombalgies aux crampes menstruelles. Je ne pense pas que le chiro, le Sergiotron, les injections ou même Jean Coutu peuvent le prétendre. Une telle affirmation est plutôt farfelue et c'est de mon devoir en tant que professionnelde donner la chance au client d'être critique dans le choix de prescription qui lui convient le mieux.
A celui qui souhaite du long terme, pas le choix, c'est une prise en charge à long terme qui l'attend. A celui-là, l`école du dos lui expliquera ce que l'on entend et attend.
L'idéologie même de l'École interactionnelle du dos se dirige dans le sens d'un apprentissage personnel vers l'autoguérison. Par ailleurs, nous sommes d'accord avec le fait que le lombalgique soit le seul à pouvoir mesurer sa douleur, donc les variations de cette dernière. Par conséquent, je considère que le choix des interventions lui revient. Toutefois, en tant que professionnelle oeuvrant auprès de cette clientèle, je dois fournir l'information disponible au sujet des diverses interventions. C'est le client, à partir des informations données et de ses expériences personnelles qui se créera son propre esprit critique et déterminera les interventions qui lui font du bien.
NB: L'homéopathie?
Le Devoir 14/15 Mars 1998... et la position de la FDA de refuser de faire payer à la collectivité américaine une granule placebo...
Les manipulations dans la lombalgie chronique?
Le "Rapport Spitzer" et quelques 15 ans auparavant les études multicentres réalisés en Angleterre
Les ultra sons dans la lombalgie chronique?
Le rapport Spitzer...
L'eau distillés ou la mipavacaïne?
Frost...
Le TENS et le placebo:
Marchand S
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