Chenard Jean René, Yves Bouchard, Mario Siane, Paule Ouimet, Carole Laliberté, Marie-Claude Gagné, Serge Favreau, Christine Pouliot, Chantal Provencher, Joyce Dickey, Gisele Betteyn

Certes, la situation de vos lombalgiques est désespérée... mais elle n’est pas grave! Formulé autrement: avez-vous le droit de rire en travaillant avec un groupe de patients souffrant de lombalgique chronique sévère?

Rire pour communiquer

• Il faut savoir utiliser adéquatement l'humour et surtout être à l'aise avec cette forme de communication avant de l'utiliser.

• Personnellement, le rire et l'humour facilitent mon contact avec les individus tout en me permettant de passer certains messages plus difficiles à exprimer, le tout dans une ambiance amicale.

• L'humour est une bonne façon de créer un contact avec les gens.

• Dans nos groupes de lombalgiques, nous pouvons remarquer que les gens, malgré leur condition, aiment rire.

• Le rire n'a pas d'âge, de sexe ni de culture; bien utilisé, il peut faciliter le contact interpersonnel et favoriser un climat de confiance mutuel. Il engage à la détente tout en aidant à réduire le stress et l'anxiété. Les moins volubiles s'en servent pour vaincre leur gêne.

Le rire est thérapeutique

• Le rire est thérapeutique disent-ils. Dans la mesure où l'humour est utilisé de façon respectueuse et chaleureuse, il n'est certes pas contre-indiqué.

• D'abord que l'on rit avec les participants et non d'eux, cela permet de détendre l'atmosphère, de dédramatiser la situation et de changer le mal de place... comme une technique mentale abrégée.

• J'espère bien que l'on puisse rire, sinon j'ai un grave problème. Pour moi, le rire est une façon d'alléger l'atmosphère sérieuse d'une thérapie. Il permet également d'étalir une communication verbale avec les clients plutôt passifs et réservés.

• De constater que la soufrance, bien que désagérable, n'est pas dramatique peut servir de recadrage.

• Maintenant que le groupe est vraiment formé et que les liens se développent entre les participants, ce sont les clients qui utilisent l'humour et le rire.

Rire pour dédramatiser

• La situation est désespérée... Est-ce que cela signifie qu'il n'y a plus aucun espoir? Je ne crois pas. Même si la situation que vivent les lombalgiques chroniques n'est pas drôle, ça ne veut pas dire qu'il n'y a plus de place dans leur vie pour le rire.

• Cela va leur permettre de drédramatiser leur situation et d'avoir une ouverture d'esprit plus positive, pas seulement de se voir comme une victime mais comme capable de trouver des solutions.

• Absolument! L'humour est un excellent moyen pour dédramatiser la situation et permettre de mieux faire passer les messages. La réaction des clients est l'indice inconstestable de la réussite ou non de l'usage du rire dans un contexte donné.

• A mon avis l'humour est dédramatisant. Le rire utilisé de façon juste est même thérapeutique!! Il nous fera voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide...

• Si l'humour est utilisé de façon adéquate par les praticiens, il peut contribuer à détendre l'atmosphère et à créer une ambiance moins "académique".

• L'expérience nous a enseigné que lorsqu'une personne consulte pour un problème, notamment pour une lombalgie chronique, son vécu devient peu à peu une composante lourde et négative de sa vie. Souffrante depuis longtemps, la personne n'arrive plus à prendre une distance par rapport à son problème et ne voit que sa douleur et son impuissance à y faire face.

• L'humour procure une certaine détente physique et contribue à décentrer les pensées du lombalgique de sa douleur. Il est tout à fait indiqué. De plus, l'École encourage le lombalgique à poursuivre les interventions ou positions qui lui font du bien... alors si le rire fait du bien... pourquoi s'en priver!

• Les gens ont besoin de rire, cela leur permet d'établir des contacts entre eux. Rire peut avoir des bienfaits thérapeutique, c'est une forme de détente qui peut enlever des tentions ou du stress qui agit sur la carte musculaire et sur leur moral. Utilisé de manière respectueuse, l'humour constitue en soi un puissant recadrage puisqu'il permet de dédramatiser le problème perçu par le participant.

• L'humour peut être une bonne façon d'entrer en contact avec les gens, en autant que le tout soit fait dans le respect de la personne.

• L'humour peut détendre l'atmosphère dans un groupe de personnes et diminuer l'anxiété ou la gêne ce qui peut aider à entrer plus facilement en relation.

• Rire avec un groupe de lombalgiques chroniques, oui, même si leur condition n'est pas drôle du tout et ne donne pas nécessairement le goût de rire.

• L'expérience que l'on a avec notre groupe confirme cette position. Les participants rient de bon coeur et à travers ce rire, ils se comprennent et se sentent compris. Le rire ne les empêche pas de souffrir!

Rire pour se mobiliser

• Le rire permet, de plus, de prendre une distance, de percevoir le syndrome douloureux sous un angle moins incapacitant et, de ce fait, de mieux se mobiliser pour y faire face.

Rire oui mais pas du client

• Il ne faut pas confondre rire d'eux ou avec eux.

• Tout prendre à la légère ou tourner tout à la blague ne sont pas nécessairement des signes de respect et de compréhension.

• Je ne crois pas qu'il serait approprié de rire de tout et de rien dans le groupe; les gens auraient probablement l'impression qu'on se moque d'eux... Et il faudrait alors se questionner sérieusement en ce sens.

• Je crois que c'est très important de rire avec notre groupe de patients souffrant de lombalgie chronique, mais ce doit être fait d'une façon respectueuse.

• Par contre je note aussi que plus les clients se connaissent, sont familiers plus ils utilisent l'humour entre eux et avec nous.

• L'humour reste à la discrétion des intervenants. Si ces derniers ne sont pas à l'aise avec cette notion, ils devraient plutôt la mettre de côté car l'humour maladroit peut être blessant.

• À mon sens, le rire est tout à fait permis même dans le cas où la situation semble désespérée. Toutefois, il faut que le rire soit utilisé de manière judicieuse et surtout respectueuse. L'humour doit être dosé et une attention particulière doit être portée à la façon dont les gens réagissent à ce médium. Rire de soi dans ce contexte peut aider le client à mettre les choses en perspective, à prendre une distance par rapport à lui.

• Il n'est pas donné à tous de savoir utiliser l'humour adéquatement. Un humour maladroit, plutôt que de détendre l'atmosphère pourrait choquer et même créer un froid. Par ailleurs, certains sujets humoristiques doivent de préférence être mis de côté. Par exemple, l'humour faisant appel au systèmes de valeurs (sexe, religion, ethnie) choque souvent un certain pourcentage de l'auditoire. Il devient sage d'éviter ces sujets.