La nucléotomie (ablation du noyau du disque)

Dans le dos, c'était pas comme dans le cerveau, on y découpait, tailladait, ciselait et recousait à plaisir. Aujourd'hui, l'efficacité prime, le plaisir décline  et moi je déprime.

Une technique peu sanglante

Les chirurgiens aiment « ouvrir »... C'est du moins la réputation qu'on nous fait ! Malheureusement, les progrès récents de notre discipline nous l'autorisent de moins en moins. Dans le bon vieux temps, une balafre de dix centimètres était bien acceptée. Avec la fierté d'un ancien combattant, le patient l'exhibait comme un tribut payé à la dextérité de son chirurgien dans sa campagne contre la douleur discale.

Le lendemain de l'opération, vous devrez toujours être accompagné, même pour vous rendre aux toilettes.

Votre hernie par exemple ? Je l'opère aujourd'hui à cause de la compression qu'elle exerce sur l'une de vos racines nerveuses. La ceinture qui entoure le disque n'est pas lésée. Je vais encore me contenter d'une technique peu sanglante.

Elle consiste à introduire un petit tube jusqu'au renflement du disque incriminé. Ni besoin d'anesthésie générale, ni obligation d'ouvrir bien large. Après vous avoir couché sur le côté opposé à votre blessure, je prends soigneusement quelques points de repère. Deux ou trois piqûres locales pour vous insensibiliser. Devant mes yeux, le résultat de votre scanner  j'identifie le coupable : disons L5 S1, le dernier disque lombaire avant le sacrum. Pour la durée de l'opération, je garderai les yeux sur une image radiologique de votre colonne lombaire. C'est tout ce que je verrai de vos vertèbres puisque mon incision n'excédera guère un demi-centimètre.

Je localise maintenant l'espace entre les vertèbres correspondant à la zone à atteindre. D'abord une longue aiguille pour aller introduire une sorte de sonde dans le renflement coupable. Je contrôle la progression de l'aiguille sur l'écran devant moi. Un peu à droite, tout droit, je reviens légèrement en arrière et je repars. Pas toujours facile à cause des obstacles sur le chemin.

Et vous dans tout cela ? Grâce à l'anesthésie locale, c'est indolore. Et vous ne verrez pas grand chose non plus  je travaille dans votre dos, c'est le cas de le dire ! Et qui plus est, sans bruit : je n'utilise ni scie à viande ni grattoir à os, ni pince, ni rugine... J'atteins maintenant le renflement. Fin de la phase un, quinze minutes. Mais moi aussi, j'ai mal au dos, ma posture probablement. Simple alerte musculaire : quelques manoeuvres de repli pour leur donner un répit. Le plus difficile est fait.

Bien installé, le tube servira maintenant de guide à ma curette fonctionnant par aspiration. Un petit coup de bistouri, le seul de toute l'opération pour faire, à travers votre peau, une entaille minuscule. J'enfile ma curette dans le tube en passant par cet espace réduit. Une minute après, je suis de nouveau dans le renflement. À distance, je commande l'ouverture de la pince à disque pour en ôter un premier fragment. Je retirerai ainsi, petit à petit, une matière filandreuse et rougeâtre. Tout au plus, deux à trois grammes de noyau. Dix minutes après, c'est terminé. Pour moi en tout cas.

Pour vous, la convalescence commence. Vous serez levé par le personnel soignant un ou deux jours après l'intervention. Douloureux peut-être, mais sans danger. Après cette opération, le mouvement reste, encore et toujours, essentiel. Il évite les complications dues à l'alitement prolongé et vous permet de reprendre confiance dans votre musculature dorsale. En mobilisant votre colonne, même si la cicatrice tire un peu, vous éviterez des contractures musculaires douloureuses. De fait, la levée du corps, chaque matin, reste et restera pénible un mois durant. Faites cet effort en l'accompagnant de quelques mouvements lents de mobilisation. Le reste de la journée devrait être plus facile. Je vous autorise à reprendre la marche et la station assise dès le premier jour. Une précaution pourtant.

Le lendemain de l'opération, vous devrez toujours être accompagné, même pour vous rendre aux toilettes.

Pas obligatoirement soutenu, mais escorté  le passage de la position allongée à la position verticale entraîne parfois de sérieux malaises. Inutile de visiter notre service de traumatologie avec un bras cassé ou une fracture du crâne ! Tout ne sera pas facile et vous pourrez ressentir des douleurs dans la fesse du côté opposé à l'opération. Pas de panique ! Il s'agit d'une simple carte musculaire et non de la résurgence d'une nouvelle compression atteignant cette fois votre côté sain. Ces réactions douloureuses initiales se vérifient souvent, surtout chez des sujets musclés et forts. Vous sortirez de l'hôpital le lendemain.

 
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