Mieux qu'une carte musculaire !

 

En exagérant votre cambrure lombaire, les moindres mouvements en extension arrière ne vous laissent aucune chance. Jour après jour, des douleurs aiguës réapparaissent dans le bas du dos, dans la fesse ou dans la cuisse.

Difficile pourtant de jouer du bistouri...

Difficile de jouer de mon bistouri bien affûté sur vos facettes mal éduquées. Si je pouvais, je passerais encore mon tour ! Je préfère pourtant cet atout à une carte musculaire... Faillite posturale due à l'insuffisance de votre musculature abdominale ou dorsale ? Usure de vos facettes suite au passage des ans ? Affaissement du disque entraînant un transfert excessif de la charge sur les articulations postérieures ? Séquelle d'une ablation de ce disque ?

La raison importe peu. Chez vous, le traitement pharmacologique n'est efficace qu'à condition d'en augmenter régulièrement les doses. Vos positions de repli n'apportent qu'un soulagement passager. La gestion mentale de la douleur ne vous procure qu'un répit illusoire. Infiltrations et manipulations restent d'une efficacité limitée. Vous avez scrupuleusement respecté les apprentissages contenus dans un programme d'école du dos : renforcement musculaire, mise en condition physique, exercices de vigilance et de verrouillage du bassin. Vous évitez soigneusement les contraintes mécaniques exercées sur vos facettes. Les inconvénients de la guérison, les conséquences non désirées ? Vous les avez minimisés...

En exagérant votre cambrure lombaire, les moindres mouvements en extension arrière ne vous laissent aucune chance. Jour après jour, des douleurs aiguës réapparaissent dans le bas du dos, dans la fesse ou dans la cuisse.

Aucune amélioration, aucune possibilité de contrôle.

Pour vous, ces douleurs ressemblent à une bonne crise de sciatique. Pour moi, ce nerf n'est pas en cause. Mes examens cliniques ont éliminé aussi la possibilité d'une hernie discale. L'intervention chirurgicale n'est pas nécessaire.

Dommage ! Je vais en être réduit à pratiquer sur vous une simple thermocoagulation sans même pouvoir donner le moindre petit coup de bistouri. Cette intervention va se dérouler en deux temps et trois mouvements. Elle va me permettre de détruire les branches nerveuses de la partie postérieure. Emprisonnées comme dans un étau, elles souffrent... Vous aussi !

 

 

Premier temps : le repérage

La localisation et l'irradiation de votre douleur m'offrent une bonne idée de l'étage vertébral en cause. Mais il y a là plusieurs locataires. Pour identifier celui qui détient la clef de vos douleurs, j'ai besoin de votre collaboration. C'est la raison pour laquelle je ne vous endors pas !

J'injecte maintenant dans vos facettes articulaires un anesthésique, guère plus douloureux que chez le dentiste. Promis, pas plus de quatre ou cinq petites injections ! Votre douleur vient de disparaître ? Voilà démasqué l'un des coupables. Il n'agit pas toujours en solitaire.

 

 

Deuxième temps : la destruction de la branche nerveuse postérieure

Reste maintenant à repérer la branche nerveuse qui, à partir de vos facettes, transmet ces ordres douloureux à votre peau, à vos muscles de la fesse ou de la cuisse. Pour détecter le rameau en question, je dispose d'un stimulateur électrique. Correctement localisée, cette branche sera détruite à haute température à l'aide d'une sonde thermique spéciale (thermocoagulation à 85º Celsius). Quelques secondes seulement... Un moment pénible mais bref pendant lequel vous ressentirez l'attaque brutale d'une douleur familière. Cette attaque sera la dernière.

Enfin espérons-le ! Ensuite ? C'est tout en ce qui me concerne !

À plat sur le dos, vous garderez le lit jusqu'au lendemain. Vous pourrez alors vous lever et retourner chez vous. Je vous donne quinze jours de repos et quelques médicaments pour faciliter la guérison de l'irritation locale causée par mon intervention. Rendez-vous dans un mois pour une nouvelle consultation. À ce moment-là, je vous demanderai de reprendre bien en main votre bâton de pèlerin sur les chemins de la guérison.

Pensiez-vous être dispensé à tout jamais de vos exercices quotidiens par ce bref détour en chirurgie ? Vous confondez lombalgie et appendicectomie. L'appendicite, voilà une vraie maladie : ablation par le chirurgien, récupération par le malade, félicitations par l'entourage : le triomphe absolu, le rêve quoi !

Orthopédiste et spécialiste du dos, je n'ai pas cette chance. Moi, je dois encore compter sur vous pour prendre votre rééducation en main. Dans le cas contraire, même avec une technique parfaite, vous reviendrez me voir... Décourageant parfois puisque l'expérience démontre que 70% des patients sont soulagés quelques mois alors que seulement 50% vont trouver là une réponse définitive à leurs problèmes.

Et à une condition : se soumettre à la pratique quotidienne d'un programme de conditionnement physique.

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