Synthèse

CLINIQUE DE LA DOULEUR ET "ÉCOLE INTERACTIONNELLE": SIMILITUDES ET DIFFÉRENCES?

Les participants

Isabelle Forget, Yves Bouchard, Paule Ouimet, Carole Laliberté, Chantal Provencher, Christine Pouliot, Joyce Dickey, Gisele Bettey.

La question

Comme professionnel de la santé, vous souhaitez maintenant participer à la mise sur pied d'une "clinique de la douleur".

Selon vous, quelle proportion du programme de l'École interactionnelle destinée aux lombalgiques s'appliquerait à l'ensemble des pathologies entraînant des douleurs chroniques sévères?

La synthèse

Chacune des étapes est importante pour permettre au participant de mieux comprendre l'origine de sa douleur et apprendre des moyens pour la gérer. Je conserverais donc l'ensemble des thèmes prévu aux 12 leçons (contrat, douleur aiguë, préparation physique, préparation mentale, anatomie, terrain, conséquences indésirables, traitements, chirurgie, épilogue et relance). Par contre, dépendamment de la pathologie, j'aborderais ces thèmes sous un angle différent et le contenu devrait être adapté. À titre d'exemple, la leçon sur l'anatomie aborderait la région du corps touchée par leur pathologie. De plus, pour les blessés médullaires, un conditionnement pour prévoir les plaies de pression serait prévu au programme au lieu de faire des mobilisations du bassin. Au niveau des scléroses en plaques, il y aurait du temps de consacrer pour les principes de conservation d'énergie lors de la leçon sur le terrain. Bref, l'esprit de l'École serait la même mais le contenu serait modifié afin de répondre à la clientèle.

Si je devais participer à l'élaboration d'une clinique de la douleur, ce serait en tant qu'ergothérapeute, avec tout ce que cela implique... Comme la plupart des répondants à cette question, je crois que plusieurs étapes de l'École interactionnelle du dos pourraient s'appliquer. En effet, certaines étapes pourraient très bien s'adapter aux différentes pathologies rencontrées dans une clinique de la douleur. Par exemple, le contrat, la préparation physique, la préparation mentale, l'anatomie, terrain, traitements et relance pourraient probablement s'adapter à la plupart des pathologies. La douleur aiguë et douleur chronique devraient être abordés différemment en les adaptant à la clientèle visée. L'étape médications et la position franche de l'École face aux lombalgiques chroniques pourraient fort probablement ne pas convenir à toutes les clientèles... L'étape chirurgie comme l'étape recréer ses douleurs ne seraient pas toujours pertinentes non plus.

Du point de vue de l'ergothérapeute que je suis, l'autonomie fonctionnelle serait au coeur de mes interventions et j'aurais tendance à miser beaucoup sur l'efficence personnelle de chaque participant afin de développer une autonomie dans les limites qu'imposent leurs pathologies respectives.

Selon moi, la majorité des étapes de l'école du dos peuvent être adaptées pour une clinique de la douleur. Toutefois, certaines sont plus importantes que d'autres. Je crois que la préparation mentale est particulièrement importante pour toutes les pathologies. Pour toutes les personnes souffrant de douleur chronique, il est important d'apprendre à agir sur la douleur par les techniques de relaxation et de visualisation. La partie sur les traitements est importante aussi. La compréhension de l'effet placebo et l'analyse de l'efficacité de différents traitement s'applique selon moi à toutes les pathologies. Les autres parties de l'école du dos pourraient être reprises, mais pas pour toutes les pathologies, et avec plusieurs modifications.

L'École interactionnelle n'a rien de "miraculeux" ou de "sorcier". Elle permet seulement aux clients de comprendre enfin les problèmes reliés à leur corps et à leur condition et par le fait même, leur offre la possibilité de reprendre eux-mêmes les choses en main en s'autotraitant.

S'orienter vers le même but thérapeutique pour toutes pathologies entraînant des douleurs chroniques importantes et limitantes ne peut être qu'une bonne chose. Selon moi, adaptée à chaque pathologie selon leur spécificité, le programme de l'École interactionnelle pourrait s'appliquer à une grande majorité de ses pathologies. Ce programme devrait tenir compte des critères d'inclusions et d'exclusions propres à chacune de ses pathologies. Ceci en tenant compte du fait que si les douleurs sont chroniques, c'est qu'il n'existe pas à ce jour de moyens médicaux ou paramédicaux pour régler ces problèmes. De plus, tant que les patients ne deviendront pas des éléments actifs dans leur réadaptation, les chemins de la guérison risquent de demeurer inaccessibles pour la grande majorité. S'en suivra le "syndrome de la porte tournante" pour plusieurs années et dans une bonne partie de ces cas, la canevas de l'École interactionnelle pourrait donc servir de base pour la création de différentes Écoles concernant d'autres pathologies avec douleurs chroniques en sus. L'adaptation demanderait cependant tout de même beaucoup de recherches et un travail multidisciplinaire pour répondre aux besoins spécifiques de chacune de ces pathologies.

Je connais peu les cliniques de la douleur sauf qu'elles servent à donner des injections. Je donnerai donc mon avis sur ce qui pourrait s'appliquer à d'autres pathologies que la lombalgie chronique. La majorité du programme peut s'aplliquer en fait c'est un concept qui peut aider toute personne souffrant de douleur chronique à se prendre en charge. Je donnerai mon opinion sur chaque étape. Pour débuter le programme de reconditionnement physique.

L'activité physique n'est jamais contre-indiqué,c'est une question de dosage. La routine motrice est applicable mais devra être adaptée à la pathologie en cause.

Pour la préparation mentale, elle peut aider toute personne qui la maîtrise assez bien et ne peut qu'apporter des bienfaits.

Un contrat il devrait toujours en avoir un entre les parties pour bien se comprendre et savoir à quoi s'attendre de part et d'autre.

La différenciation de l'approche de la douleur aigüe vs chronique sera applicable puisque dans toute pathologies il y a des hauts et des bas! Pour les pathologies dégénératives, souvent elles évoluent par palier. L'anatomie s'applique à toutes les pathologies, apprendre à connaître son corps et ce qui se passe à l'intérieur est toujours d'intérêt.Il s'agit de l'adapter à la pathologie en cause.

L'étape terrain devrait aussi s'adapter mais peut être tranféré à d'autres pathologie. Il s'agit d'identifier les embûches.

Médications: sujet qui sera délicat. A l'intérieur de la clinique de la douleur, je crois qu'il serait difficile de l'insérer tel quel puisque le monde médical insiste pour trouver un médicament miracle. Comment pourrais-je parler d'un sevrage? Comment augmenter l'efficience personnelle tout en faisant miroiter la possibilité de guérison par un tel ou tel médicament? Et je ne parle pas de l'impact des effets secondaires de ces médicaments. De plus dans certaines pathologies comme l'arthrite les médicaments doivent être conservés mais on pourrait plutôt aborder les médicaments connexes sans prescription.

Pour les effets indésirables de la guérison, selon la pathologie, il peut ne pas y avoir de guérison les douleurs sont toujours présentes et évolutives (ex:arthrite). Je ne vois pas comment on pourrait l'insérer dans une clinique de la douleur.

L'étape traitements pourrait être présenté car tous les gens avec des douleurs chroniques essaient plusieurs approches souvent. Il est important d'insister sur leur efficience personnelle.

La chirurgie pourrait avoir sa place si on parle de pathologie où il y a possibilité de remplacement partiel ou total d'une articulation par une prothèse. Une présentation adaptée au type de chirurgie en cause serait utile pour parler des avantages/désavantages de cette approche.

Recréer ses douleurs devrait être adapté selon les pathologies, savoir débusquer les embuscades est toujours pertinent.

Donc,avec quelques ajustements la presque totalité de l'école est tranférable. D'ailleurs lorsque j'ai fait mon certificat en gérontologie notre dernier cours était un projet. J'ai monté une classe d'exercices pour arthritiques dans laquelle se trouvait plusieurs des éléments de votre programme sur les lombalgies. Les rencontres s'échelonnaient sur 7-8 semaines et on y retrouvait des exercices et de l'enseignement relatif aux arthritiques dans chaque rencontre. Ce serait une bonne clientèle à cibler. Je crois que sans modification au contenu,les leçons 1-4-7-8-9 pourraient être utilisées. Les autres devraient s'adapter aux pathologies concernées. Les commentaires que j'ai eu des "cliniques de la douleur" me viennent de mes clients et sont généralement négatifs. Les clients se sentent peu concernés par se qui s'y passe et attendent que la guérison se produisent. Les cliniques auraient avantage à devenir plus interactionnelles et à favoriser l'efficience personnelle. Mais comment leur faire avaler la "pilule"?

Pour ma part, je crois qu'une grande partie des principes appliqués à l'École interactionnelle peuvent être généralisés à une clinique de la douleur. La douleur comprend les mêmes composantes peu importe son éthiologie véritable. À cet effet, l'engagement du client dans son processus de changement est de mise puisqu'il demeure le seul à pouvoir mesurer sa douleur. Par conséquent, je crois que l'utilisation d'une approche visant l'autotraitement et l'augmentation de l'efficience personnelle s'avère judicieuse. Le contrat s'appliquerait bien pour s'assurer de l'engagement du client. Par ailleurs, les étapes traitant de la douleur aigue vs chronique, de l'anatomie, de la préparation mentale et physique, du terrain, des traitements, de la médication sont toutes essentielles. L'important consiste à les adapter à chacune des pathologies et aux objectifs visés.

Selon moi, 80% du contenu du programme serait applicable à toute pathologie entraînant des douleurs sévères. L'utilisation du TENS, l'aspirine musculaire, les postures etc... sont toutes des solutions applicables à ces malades chroniques.

Je ne connais pas de "Clinique de la douleur", mais je crois que l'approche de l'école interactionnelle du dos peut être adapté à d'autres pathologies entraînant des douleurs chroniques. Les 12 étapes peuvent être appliquées mais adaptées aux différentes pathologies. Au niveau de l'évaluation , un bilan qui permettrait de recueillir les informations nécessaires pour comprendre la douleur du patient, (exemple: état civil, admission, informations personnelles, information concernant sa douleur, savoir quand il a de la douleur et quel facteur l'augmente, localisation de la douleur, caractère de la douleur (décrire sa douleur) et ce qu'il ressent, effet de la douleur sur l'activité, informations professionnelles, traitements essayés, antécédents douloureux, antécédents médicaux généraux, ect).

Pour ma part, j'aurais besoin d'avoir une meilleure connaissance de la douleur et de son traitement pour amener le patient à mieux comprendre sa douleur et à lui donner des moyens de la gérer.

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