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 12. Douleur chronique

LES OBJECTIFS

Objectif : Identifier les deux principales caractéristiques des douleurs chroniques et quelques conséquences indésirables de la guérison

Détaillez les deux principales caractéristiques des douleurs chroniques : réelles et élastiques (diapo # 8-08 à # 8-10). En affirmant (position d'expert) que les douleurs chroniques sont réelles, le praticien confirme le vécu de ses clients. Il les rassure. Une étape importante : plus vous soutiendrez vos clients, plus ils s'impliqueront dans la discussion en groupes restreints qui suivra. Cette discussion requiert d'envisager la guérison à partir d'une nouvelle perspective. Les conséquences désirées (les effets positifs liés à la disparition de la douleur) restent, aux yeux de vos clients, plus évidentes que les inévitables - mais encore non identifiées - conséquences indésirables de la guérison. Pour éviter que ces conséquences indésirables n'entravent, un jour, leur progrès sur les chemins de la guérison, vos clients doivent reconnaître ces obstacles et y trouver une solution. Cette démarche suppose que chacun d'entre eux identifiera au moins une conséquence indésirable à sa propre guérison. L'activité suivante permet d'atteindre cet objectif.

Répartissez les participants en deux petits groupes (chacun animé par un des praticiens). Pour assurer des discussions plus intimes, isolez ces deux ateliers. Allongés ou assis sur leurs coussins et leur tapis, les participants débutent la discussion thérapeutique. Un sujet délicat. Soyez prudent : des résistances à aborder le sujet surgissent facilement d'interventions inopportunes. (La démarche proposée aux diapo # 8-11 et # 8-12 évite de soulever inutilement ces résistances.) À première vue, la question des conséquences indésirables surprend. Elle oblige à envisager la guérison d'un point de vue tout à fait inhabituel. Souvent et sans votre aide, les clients ne parviennent pas à répondre à cette interrogation. Commencez l'atelier en vérifiant la compréhension que s'en fait chaque participant. Établissez toujours un contact visuel avec votre interlocuteur. Créez une atmosphère confortable et non menaçante : le client qui n'identifie pas de conséquence indésirable profitera tout de même de cet échange. Il participe à la découverte de celle de ses pairs. Trois règles simples s'appliquent durant cette discussion thérapeutique. Premièrement, ne disqualifiez jamais les propos du client. Deuxièmement, reconnaissez systématiquement ses propos avant de le ramener à la question initiale. Troisièmement, encouragez les échanges de sorte que chaque membre dispose d'un temps comparable de parole. En voici quelques exemples.

LE CLIENT A : Certain que ma vie changerait si je n'avais plus jamais mal. Je pourrais enfin jouer avec mes enfants. Je pourrais aussi reprendre le golf.

LE THÉRAPEUTE : Oui, ce serait bien agréable de faire enfin ce à quoi vous ne pouvez pas vous adonner présentement... Mais ces " activités " font partie des conséquences désirées de la guérison. Les aspects positifs de la guérison ne posent jamais problème. Ma question s'intéresse à l'autre volet de la guérison. Je la reprends. Imaginons que, tout à coup, vous n'avez plus mal au dos. Cette guérison pourrait-elle entraîner des conséquences indésirables?

LE CLIENT B : Si j'avais le bras en écharpe, tout le monde compatirait.

LE THÉRAPEUTE : Effectivement, un des problèmes avec la lombalgie vient du fait qu'elle n'est que rarement évidente. Je fais de nouveau le lien avec la question de départ... En tenant compte du fait que la lombalgie n'est pratiquement jamais apparente, existe-t-il des conséquences indésirables à sa guérison?

LE CLIENT C : Je suis mort le 27 mai 1994 lors de mon accident... J'ai honte de souffrir de lombalgie chronique, je ne l'ai jamais révélé, même à mon meilleur ami.

LE THÉRAPEUTE : Votre accident a en effet quelque chose de traumatisant... Je vous trouve fort de vous en être bien sorti physiquement et mentalement. Ce n'était sûrement pas chose facile. Vous dites ne jamais avoir révélé vos souffrance à votre meilleur ami. Mais, face à vos intimes (conjointe, enfants, etc.), quelles seraient les conséquences indésirables de votre guérison?

Pendant la discussion, établissez la liste des conséquences indésirables identifiées par les participants. En grand groupe, après la pause, résumez vos échanges à partir de ce bilan. Personne ne parvient à en identifier ? Apportez votre aide au groupe en utilisant l'un des exemples contenus dans le tableau 12.3. (Choisissez l'une des trois conséquences partagées par la majorité des lombalgiques.) Adressez une question identique à tour de rôle à chacun des participants : " Si tout à coup cessait votre mal au dos, croyez-vous que certaines personnes de votre entourage penseraient que vous avez "joué" au malade, que votre lombalgie était une maladie imaginaire ? ". La discussion piétine-t-elle à nouveau ? Introduisez une seconde conséquence indésirable : " Sans maux de dos, risqueriez-vous de travailler jusqu'à épuisement ? " Laissez à vos interlocuteurs le temps de répondre. Mettez fin à cette discussion après environ 30 minutes.

De retour en grand groupe, chacun des animateurs résume (sans nommer les clients impliqués) les conséquences indésirables identifiées dans son atelier (diapo # 8-14). Après cette présentation, l'animateur mentionne l'importance d'apporter des solutions pour désamorcer ces problèmes potentiels. Offrez quelques pistes de solution : " Préparer à l'avance une réponse aux nouvelles demandes qui me seront adressées ; choisir des épisodes non douloureux pour recevoir un massage en se rappelant que le meilleur moyen de s'en voir proposer par le conjoint consiste à lui en offrir ; planifier une réorganisation de mes activités pour pallier aux conséquences indésirables susceptibles d'accompagner la guérison ; etc. ".

Tableau 12.2

Manifestations de la lombalgie chronique

Manifestation

Réponse

Commentaire

oui

autre

1. Ma douleur dure depuis six mois.

v

 

Par définition, une douleur chronique dure plus de 6 mois.

2. Ma douleur se manifeste de façon sourde et assez générale

v

 

La description de la douleur chronique dépasse largement sa base organique.

3. Mes réflexes, comme l’extension de la jambe, sont diminués.

 

v

Possible, mais la souffrance provient rarement d’une atteinte des racines nerveuses. Elle affecte souvent muscles et ligaments.

4. J’éprouve des pertes de la sensibilité des membres inférieurs.


v

Possible, mais pas obligatoire."

5. Mon mal de dos s’accompagne de : maux de tête, hypertension, ulcères, allergies, asthme, boules dans la gorge ou dans l’estomac, fatigue...

v

 

Dans la douleur chronique, 80 % des patients souffrent de l’un ou l’autre de ces troubles associés

6. J’éprouve des engourdissements dans les membres inférieurs.


v

Possible, mais par obligatoire

7. J’ai réduit de beaucoup, ou même complètement abandonné, la pratique de mes activités favorites.

v


Abandonné, dans la plupart des cas

8. Je prends sur une base régulière des médicaments contre la douleur.

v


Souvent des antalgiques et anti-inflammatoires."

9. Ma douleur chronique entraîne des problèmes avec le reste de ma famille.

v


La douleur chronique est en général plus ou moins bien acceptée. Plus souvent moins que plus..."

10. J’ai consulté, pour tenter de diminuer mes souffrances, plus de trois professionnels de la santé (médecin, kinésithérapeute, physiothérapeute..)

v


Souvent, bien plus de trois fois."

11. Je souffre d’une réduction de ma vie amoureuse.


v

Possible, mais pas obligatoire."

12. Je me sens frustré, irritable, dépressif et angoissé.

v


Le contraire serait étonnant...

13. J’affirme que la guérison de ma lombalgie ne peut entraîner des conséquences indésirables.

v


Nous en parlons aujourd’hui même.

Tableau 12.3

Exemples de conséquences indésirables de la guérison

Sur le plan

 

proportion
(clients)
  conséquences indésirables de la guérison
(si, tout à coup, vous n’aviez plus mal au dos !)

Personnel

100 %†

a.

Perdre le signal d’alarme que constitue la douleur et risquer de me blesser plus gravement.

30 % b. Être en moins bonne forme physique parce que mes douleurs me rappellent de faire régulièrement des activités physiques (comme votre programme d’exercices).

couple-
famille

60 %

c.

Entraînerait une réorganisation importante de ma vie
(exemples :
— retourner au travail m’obligerait à cesser de faire la cuisine à ma conjointe ;
— ma femme me dit que nous fonctionnons enfin au même rythme...en me guérissant, je reprendrais un rythme accéléré, bien différent du sien ;
— cesser de me faire " frotter " le dos ;
— mes tâches domestiques augmenteraient ;
— on me demanderait à nouveau tout ce qu’on exigeait de moi avant mon accident ; etc.).

15 % d. Négocier un nouveau contrat de garde des enfants pour qu’elle puisse, elle aussi, pratiquer l’activité sportive ou récréative de son choix.

social-travail

100 %

e.

Sans maux de dos, on travaillerait jusqu’à épuisement.

100 % f. Être jugé à son retour au travail : " Tu as "joué" au malade ". (Ici, toute amélioration visible risque de " confirmer ", en quelque sorte, les préjugés du " paresseux " et du " malade imaginaire " de l’entourage.)
15 % g. Je ne pourrais plus prendre mon mal de dos comme une échappatoire pour refuser une tâche désagréable (ex.: déménager un ami).
15 % h. Je devrai retourner dans un milieu de travail conflictuel.
Dans nos Écoles, les conséquences indésirables « a », « e » et « f » font à toutes fins pratiques l'accord de 100 % de nos clients.
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