À la reconquête des douleurs discales

Sur la palette des couleurs possibles pour vos douleurs, la carte discale présente un atout majeur : la crédibilité.

 

Quelques pistes

Sur la palette des couleurs possibles pour vos douleurs, la carte discale présente un atout majeur : la crédibilité.

Entre nous, à l'hôpital ou à la maison, qui prend au sérieux vos cartes musculaires ? Et seules de spectaculaires grimaces accréditent vos douleurs facettaires. Rien, ni sur les radios, ni sur les « myélos », ni sur les vidéos. Des douleurs illégitimes !

Avec la possibilité d'une hernie discale, la science médicale entière se range à vos côtés. Si pour vos douleurs, cette couleur vous attire, ne laissez rien au hasard.

Les chemins débouchant sur l'inactivité physique n'y aboutissent pas tous, mais deux pistes vous y conduisent à coup sûr. Tortueuse, la première emprunte le terrain encombré des postures.

En exerçant un perpétuel effet « pied de biche », une constante action « barre à clou » sur vos dernières lombaires, toute posture prolongée en porte à faux vers l'avant offre d'excellentes opportunités. Un travail à long terme. Patience ! Vos préférences vous portent-elles vers le spectaculaire ? Choisissez la voie rapide. La solution tient ici en deux mots : dos rond et jambes tendues. Penché vers l'avant, reste ensuite à soulever d'un bon coup de rein cette charge trop lourde.

Quel que soit l'itinéraire, une ceinture abdominale défaillante ajoute deux atouts non négligeables. Avant l'accident, en exposant la région vulnérable des lombes à des contraintes de compression mal réparties, elle augmente significativement les probabilités de blessures. Après l'accident, toute tentative précipitée de renforcements offre de nouvelles opportunités. Le redressement assis, jambes tendues, se classe parmi les options de choix. Il occasionne, à l'intérieur du disque, une importante augmentation de la pression interne. Or, toute nouvelle éruption pernicieuse du matériel interne reste essentielle à l'aggravation de la hernie.

Pour les plus avisés, la suite ne présente aucune difficulté. Durant l'attaque, certains se replient sur le dos alors que d'autres préfèrent la position debout. Erreur ! Sur le disque, une contrainte discrète et de bon aloi ne s'exerce qu'en position assise. Comme alternative de repli, la flexion vers l'avant, tête entre les genoux ou dictionnaire à bout de bras, offre définitivement les résultats les plus probants.

Quelques perfectionnistes en profitent même pour accumuler, discrètement, un surplus de poids corporel : une charge additionnelle pour le disque, une chance supplémentaire pour vous!

 

 

 

 

Et à l'hôpital ?

Et à l'hôpital, pas de répétitions pour convaincre l'auditoire : la douleur se ramifie le long d'un parcours nerveux soigneusement balisé. Myélographie ou scanner confirment la lésion. Et qui dit lésions dit possibilité d'opération, voilà une douleur rassurante. Au malade, elle accorde une crédibilité, au médecin une éventualité. Souhaitez-vous conserver cet avantage ? Jouez prudent ! Insistez pour obtenir d'urgence l'intervention chirurgicale. On ne se méfie jamais assez de ces cartes discales. Soixante pour cent des hernies sans dégât trop important guérissent avec le temps, la prudence et l'activité physique bien comprise. Ne jouez pas ce coup de poker ! Vous êtes en droit d'exiger des résultats immédiats. Abattez la mise !

Vous n'obtenez pas l'opération ? Tout n'est pas perdu. Il reste la méditation et les médications.

Vous n'obtenez pas l'opération ? Tout n'est pas perdu. Il reste la méditation et les médications.

 

D'abord, une bonne dose de « sinistrose ». Assis le plus inconfortablement possible sur un siège dépourvu de dossier, tête entre les mains et tronc incliné vers l'avant, fermez les yeux. Ouvrez maintenant bien grandes les digues aux flots de ces images qui submergent vos arrière-pensées.

Bien contracturé, respiration bloquée, prenez le temps de visualiser d'horribles lutins noirs. Ils se faufilent hors du disque blessé, dévalent des contractures musculaires environnantes ou dégringolent le long des voies de communications nerveuses. Ils attaquent maintenant en rangs serrés. Raide et le souffle court, spectateur impuissant, vous assistez au carnage.

À la pelle, à la pioche, à la hache, et certains même avec les dents, ces monstres détruisent peu à peu votre moelle épinière, ce canal vital acheminant l'information nécessaire au bon fonctionnement de vos centres nerveux. Quelques répétitions isolées n'assurent pas le succès final. Pour terminer comme il se doit, en sueurs et le coeur battant, pratiquez quotidiennement !

Un entraînement rigoureux permet seul de visualiser instantanément ce petit fauteuil étincelant acheminant en cahotant un paralytique misérable vers son pitoyable destin.

Par malheur, l'imagination vous fait défaut ? Qu'à cela ne tienne. Abandonnez la méditation pour la médication. Vos douleurs ? Elle sont insupportables... Vos preuves ? Sur la myélographie... Votre sommeil ? Perturbé... Votre famille ? Abandonnée... Votre anxiété ? Démesurée... Quelques larmes par-ci, et un sanglot pour ça.

Mais attention, trop de dépression et adieu l'opération !

D'accord pour la médication; mais pour l'ablation, il vous faut encore une recommandation. Le chirurgien tergiverse. Peut-être en avez-vous trop fait ? Votre condition physique lamentable fait-elle de vous un délabré irrécupérable ? Votre surplus de poids menace-t-il l'édifice vertébral au complet et non plus celui d'un étage lombaire particulier ? N'avez-vous pas exagéré votre rôle de déprimé inconsolable ? Pour balayer ces ultimes hésitations, abattez votre dernier atout : une carte issue de la racine nerveuse.

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