Les chemins de la guérison empruntent parfois le détour de la chirurgie. Halte redoutée par les uns, itinéraire miraculeux pour les autres  cette étape ne laisse personne indifférent.

Avez-vous déjà eu l'occasion de bavarder avec des membres de ma profession ? C'est peu probable ! Les chirurgiens sont rares. Ils communiquent peu. Certains médecins sont payés pour discuter  moi pour découper ! Mais aujourd'hui, je laisse de côté mes gants de caoutchouc, mon masque et mes bistouris pour m'expliquer et vous expliquer.

Récupérez vos cartes de la douleur. Je suis un maniaque, un maniaque de la précision. Sans un atout spécifique en main, sans un diagnostic rigoureux, je n'ai aucune possibilité d'intervention. Comprenez-moi : quant à ôter un morceau, de disque ou de vertèbre, autant que ce soit celui qui cause vos douleurs !

Chirurgie et carte musculaire

Voilà un atout que je n'apprécie guère !

La carte musculaire joue un rôle ambigu dans la lombalgie chronique. Beaucoup de théories souvent étayées par des faits mal établis. Je sais, je sais... le stress, la contracture musculaire douloureuse, la pesanteur ou la posture, le raccourcissement des chaînes musculaires postérieures.

Théories encore, théories toujours, et pour couronner le tout, l'effet placebo ! Je vais vous faire un aveu. Je déteste l'effet placebo ! Mon credo à moi, c'est la logique cartésienne appuyée sur la rigueur scientifique. Je manie l'une et l'autre avec la même fermeté que mon bistouri. Déformation professionnelle ? Certes, mais parfois utile !

Sur vos muscles, masseurs, kinésithérapeutes, physiothérapeutes, professionnels de la manipulation, de l'injection ou de la médication peuvent se permettre de faire preuve de créativité. Leurs erreurs laissent rarement des traces durables.

Avec moi, vous n'auriez pas cette chance ! Autant me laisser prendre quelques précautions. Certains thérapeutes font dans le général, mes outils m'obligent à travailler dans le spécifique !


Comment confirmer votre carte musculaire par un diagnostic rigoureux ? Bonne question.

En dehors de l'examen clinique, il existe l'électromyographie, une sorte d'auscultation musculaire. De petits récepteurs, placés sur ou sous votre peau, remplacent ici le stéthoscope . Ces appareils captent les minuscules potentiels électriques s'échappant de vos muscles. Un principe identique à l'électrocardiogramme ou à l'électroencéphalogramme, deux techniques mieux connues.

Suivez-moi dans une salle d'électromyographie. Enchevêtrés dans un désordre qui n'est qu'apparent, un écheveau de câbles relient entre eux un assortiment disparate d'écrans. Penchés sur ces radars, des neurologues surveillent la circulation des communications le long de vos racines nerveuses jusqu'aux terminaux musculaires.

Rien à craindre de cet espionnage électronique, il n'est pas douloureux. Au mieux, des électrodes seront simplement collées sur votre peau. Au pire, mes collègues implanteront de petites aiguilles de ci, de là sur des territoires musculaires spécifiques. De l'acupuncture... mais à l'occidentale ! Sans vous demander toujours votre avis, l'évaluateur peut décider de mettre lui-même en mouvement certains groupes musculaires spécifiques. De légères stimulations électriques parcourront alors vos muscles ou votre réseau nerveux. Étrange sensation, à peine désagréable.

L'objectif ? Tenter de déterminer avec exactitude les paramètres de votre lésion. Je ne nie pas l'importance de la carte musculaire dans la douleur lombaire. Mais pour un chirurgien, votre muscle est rarement la cause démontrable d'une lombalgie chronique. Plus souvent victime qu'agresseur ! La lésion qui l'affecte naît souvent plus haut, dans le réseau des câblages sillonnant la colonne vertébrale. Nous y reviendrons. Trop de tension musculaire dites-vous ? Le stress ? La pesanteur ou le raccourcissement des chaînes musculaires postérieures ? Moi, je veux bien. Démontrez-le moi ! En attendant, je passe la main à tous ces myothérapeutes qui se font fort de vous soigner. À ce jeu-là, je perds mon temps. Donne suivante s'il vous plaît.

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